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ARTS ET CULTURE BURKINABÉ

La culture burkinabè est caractérisée par un système de valeurs liant les arts aux modes de vie, à l’organisation sociale, aux croyances et aux traditions.

Elle régit les simples gestes de la vie quotidienne autant que les cérémonies les plus importantes. Elle crée également les liens assurant la cohésion entre les différents peuples. Si les pratiques et les cérémonies rituelles relèvent du domaine privé. L’art et la culture occupent une place de choix parmi les attraits touristiques du Burkina Faso.

L’ARTISANAT

L’artisanat fait partie des occupations quotidiennes de la vie au village. En ce qui concerne la vannerie et le tissage, chaque famille confectionne les objets utilitaires dent elle a besoin. Les artisans travaillant le métal, le bois et le cuir sont souvent issus de castes, dont les principales sont celle des forgerons, également menuisiers-sculpteurs, et celle des griots, parfois aussi cordonniers et tisserands. Ce système de castes n’est pas identique chez toutes les ethnies.

A l’époque où l’artisanat éait destiné uniquement à l’usage local, les artisans soignaient leur travail : on nc trouvait alors que dc très beaux objets bien finis. La forte demande d’objets artisanaux par les touristes et l’appût (lu gain ont abouti à la même situation qu’en Europe : une grande production mais de qualité médiocre.

A Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, toutes les catégories d’artisanat sont
représentées par de nombreux articles dont la qualité peut varier énormément.
Le façonnage d’un bel objet demande beaucoup de temps et de savoir-faire ; il est donc évident de le payer Plus cher. Cela permet également d’encourager les artisans à exécuter du bon travail, et d’éviter que l’artisanat perde sa qualité au profit d’un business tiers-mondiste minimaliste.

La vannerie

Dans le nord du pays. Les matériaux utilisés sont la paille et les tiges de mil ; on y ajoute des roseaux dans les régions du centre et, à l’ouest, on emploie également les feuilles de rônier et Ie raphia. Des fibres d’arbres, notamment du baobab, sont utilisées pour lier les éléments entre eux ou pour les finitions.

Ces végétaux sont d’abord coupés et séchés. Puis ils sont mouillés et déposés plusieurs jours dans un endroit à l’abri du vent et du soleil. Les matériaux qui ont besoin d’être colorés le sont pendant cette phase de la fabrication. En conservant la matière dans la houe pendant une semaine, on obtient la couleur noire. Le rouge provient d’une décoction de feuilles et dc tiges de sorgho (ou mil rouge).

Une fois ces préparations terminées, vient le moment du tressage, qui ne
peut pas se faire au soleil et rarement en plein air, les matériaux devant rester humides. Selon les régions. Les artisans s’installent dans une case ou sous un arbre. Dans le sud-ouest du pays. Les tînmes qui travaillent la vannerie s’installent dans (les abris souterrains où les matériaux sont protégés de la chaleur et de la sécheresse. Les deux techniques de tressage les plus couramment utilisées sont l’enchevêtrement et la superposition.
La vannerie est pratiquée tant par les femmes que par les hommes. Les
objets fabriqués le plus couramment sont les paniers, les nattes, les séko. Les greniers, les sacs, les couvercles, les chapeaux ei, bien sûr, le toit des cases. On trouve sur tous les marchés du pays un grand choix d’articles de vannerie.

La poterie

I ‘argile, matière première pour lu fabrication (les objets en poterie, est partout présente au Burkina Faso. Comme pour tout ce qui vient de la terre, l’exploitation d’une carrière est précédée d’une cérémonie où l’on invoque les Ancêtres et, plus rarement, accompagnée d’un sacrifice. Les carrières, situées en général à proximité du village, sont généralement peu profondes car on trouve de la bonne argile en surface.

L’extraction de la terre se fait après les récoltes. L’argile est d’abord séchée, puis réduite en poudre et tamisée. C’est la matière résultant de ces opérations. Mélangée à de l’eau, qui servira à la production des poteries. Parfois on aboute à la pâte des scories OU des morceaux pilés d’anciennes jarres, ce qui en renforce la solidité.

Les outils utilisés pour cet art sont rudimentaires : un couteau et un roseau ou un épi de maïs. Chez les Mossi, cet art est pratiqué par les hommes ; ailleurs, ce sont indifféremment les hommes ou les femmes. Dans l’ouest du pays. La poterie est en principe exécutée par les lemmes des forgerons, maîtrisant l’art du feu.

La fabrication des canari (ou jarres), dont certains sont de tailles impressionnantes, s’effectue par superposition de boudins de terre enroulés en spirale.
Sur les poteries d’utilité courante, les décorations Soft uniquement à but esthétique. Alors que sur certains pots à usage rituel, elles constituent des représentations symboliques. La cuisson se fait soit dans des fours. Soit en extérieur où l’on entasse les pièces de poterie au milieu d’un foyer à même le sol.

Les tissus, couvertures et tapis

Il semble que l’art du tissage ait été amené des régions du nord, où l’islam impose que le corps soit couvert. Le tissage traditionnel requiert le coton comme matière première. Sauf chez les Peul et les Touareg qui emploient également la laine de mouton et parfois de chameau.
La culture et la récolte du coton sont effectuées par les hommes, mais les
travaux (l’égrenage, (Ie cardage et (le filage sont réservés aux femmes.

Le tissage est le plus souvent pratiqué par les hommes qui se servent d’un
métier à tisser horizontal, installé sous un arbre ou un toit de séko. Chez certaines, ethnies, les femmes peuvent également tisser mais sur des métiers verticaux. Aménagés dans les cases. Que le métier soit horizontal ou vertical, les bandes de tissus obtenues ne dépassent pas 30 cm de largeur. Les vêtements traditionnels sont cousus partir de bandes de 10 à 15 cm de largeur. Teintes à l’indigo ou avec d’autres couleurs naturelles.

Lors des cérémonies telles que mariages, baptêmes ou autres fêtes populaires, les femmes mossi aiment se vêtir du costume traditionnel, composé d’un pagne blanc rayé de noir, d’un corsage blanc, d’un collier de perles rouges et d’un foulard rouge, noir et blanc. Il s’agit du Lwili-peendé, ou « foulard aux hirondelles », dont le motif imprimé est quelque peu intriguant : une colombe qui porte une lettre dans son bec. Or, l’écriture n’existant pas dans la tradition burkinabè, on peut imaginer que cc foulard a été importé. Pourtant, personne ne peut affirmer d’où il tire son origine. On sait seulement qu’il est apparu au début des années cinquante, et qu’il était alors très à la mode ; puis il a été un
peu oublié. La résurgence de modes traditionnelles suggérée par la Révolution l’a remis au goût du jour, à tel point qu’il est désormais produit industriellement par l’usine burkinabè de textile.

Dans les villes, on trouve d’excellents tailleurs qui rivalisent d’originalité pour créer de flOUVC1LX modèles dont raffolent les femmes burkinabè. Généralement taillés dans des tissus de pagnes, ces vêtements peuvent être ornés de dentelles, d’ajours OU de bandelettes de cotonnade savamment super posées ou entrecroisées.
Le boubou est un vêtement porté indifféremment par les femmes ou par les
hommes, mais il n’est pas confectionné de la même manière. Celui de la femme est une sorte de longue robe droite et large, qui va jusqu’aux pieds. Surtout dans l’ouest et au Mali, Ie boubou est largement ouvert sur les côtés et porté sur un pagne noué autour de la taille et un foulard de même tissu enroulé sur la tête. Le boubou de l’homme arrive à mi-mollet et se porte par-dessus un pantalon en tissu identique (basin ou pagne). Si les moyens Ie permettent, le boubou est richement brodé autour de l’encolure et sur le devant. Comme dans toute l’Afrique occidentale, les plus habiles brodeurs sont les Maliens.

L’art de la teinture

La teinture la plus anciennement utilisée au Burkina Faso est l’indigo. Elle est obtenue par une décoction de différents végétaux dont l’indican, fruit, de l’indigotier. L’indigo est préparé et conservé en boule que l’on dissout dans de l’eau juste avant son utilisation. L’atelier se trouve toujours à l’extérieur, en principe en dehors dc la concession ou du village. La teinture est préparée à l’intérieur d’un grand trou creusé dans le sol ou dans une jarre.

11 existe plusieurs techniques de décoration au Burkina Faso. Par exemple, le fil est teint à intervalle déterminé afin d’obtenir un motif après tissage. Dans ce cas, c’est le tisserand qui procède à la teinture. Un autre système très répandu est la teinture « par attache » qui consiste à empêcher la couleur de s’imprégner sur certaines parties du tissu en les liant très serrées afin que la solution de trempage ne pénètre pas à cet endroit. Le batik utilisant la cire pour protéger les sur faces non teintes est également une technique courante.

Les femmes dioula excellent dans l’art dc la teinture, tandis que dans
d’autres ethnies, ce sont indifféremment les hommes (griots-cordonniers) ou les femmes qui pratiquent cet artisanat. Les basins teints sont très prisés pour la confection de boubous, aussi bien pour hommes que pour femmes. Les teinturiers achètent le basin blanc puis le teignent, l’amidonnent et le font sécher.

Ensuite vient Ie battage, au moyen d’un gros maillet en bois, qui donnera au basin son lustre tant apprécié.

Le bogolan

Le bogolan est tin art très ancien, originaire du Mali. On raconte que des chasseurs Bambara avaient constaté que les animaux sauvages, s’étant habitués à la couleur de leurs vêtements de cotonnade blanche, les fuyaient. Afin dc se camoufler, ils cherchèrent (jonc le moyen de les teinter. Après plusieurs essais, ils créèrent une décoction, à base de feuilles et de jeunes tiges de l’arbre galama, qui produisait une couleur jaune-beige. Mais au bout de quelque temps, les animaux repérèrent également cette couleur. 11 fallut chercher d’autres teintes. L’écorce du raisinier, écrasée entre deux pierres (Ie mortier n’existait pas encore) et bouillie dans de l’eau donna la couleur ocre foncé.
Puis Ie désir de décorer les habits suscita la recherche d’une troisième couleur. Une terre argileuse, délayée dans dc l’eau avec... (Secret d’artiste !)produisit la couleur noire. Ainsi est né le bogolan, bandes de coton écru, tissées sur un métier manuel, cousues entre elles, teintes ou peintes exclusivement à partir de ces trois couleurs plus le blanc d’origine du colon qui pouvait être conservé en masquant certaines parties avec une pâte végétale. Le nom de bogolan vient de bogo qui veut dire argile en bambara, hogolan signiFiant « résultat de la terre ».

Il est signalé que les Dogon, à la même époque, pratiquaient un art similaire mais seulement avec deux couleurs, sans le noir.

Les chasseurs maliens mirent donc ces trois teintes sur leurs habits, par trempage ou au moyen d’un pinceau rudimentaire (morceau de branche tendre,
mâchonnée pour ramollir les libres jusqu’à former des « poils »), chacun dessinant ses propres motifs. Puis ils furent sollicités pour décorer les vêtements de princes, de notables, en reproduisant sur la cotonnade (les signes ou (les marques personnelles. Cette pratique se répandit et les chasseurs, devenus artistes, mirent leur art au service des chefs, des Sofa (militaires d’alors) ou de la communauté en réalisant, sur commande, des habits pour des manifestations particulières (circoncision, mariage, etc.).

Les connaissances et tours de main secrets nécessaires pour l’obtention
d’un produit de qualité, aux couleurs soutenues ne déteignant pas, se transmettaient au sein de hi famille. Le bogolan s’est ainsi maintenu jusqu’à nos jours. Mais de moins en moins utilisé, concurrencé par les vêtements produits industriellement. Le bogolan est sorti de l’ombre il y a une quinzaine d’années, grâce au styliste-couturier malien Chris Seydou qui l’a utilisé pour ses créations. Son usage s’est ainsi répandu auprès du grand public.

Par Sylviane JANIN


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