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Burkina Faso : Les obstacles au développement local partie 1

Conférence donnée lors de l’inauguration, par la CIDI, d’infrastructures de formations :

Avant-propos

En préalable, j’adresse mes remerciements aux initiateurs de cette conférence. Ils m’ont fait confiance et honneur, en souhaitant que j’intervienne sur un sujet qui préoccupe certainement tout le monde.
En effet, de plus en plus, chacun se demande ce qui se passe au sud-ouest ; ça bouge partout au Burkina Faso. On constate que quelque chose est entrain de changer. Mais chez nous on a l’impression que le temps s’est arrêté au-dessus de nos têtes.
C’est une excellente chose que de commencer à réfléchir, à se poser des questions. Cette interrogation, pour moi, est le premier temps du développement.

Le « quartier latin » du Burkina Faso est en voie de devenir un éteignoir d’idées, voire un cimetière d’initiatives. Pourquoi ?

J’observe que le développement ne survient pas par hasard. Il ne se décrète pas non plus ; le développement a une logique. Quand on n’a pas compris cette logique, ou quand on flirte avec les exigences de cette logique, on se met, soi-même, logiquement hors-jeu.
Je ne me contenterai pas d’égrener un chapelet d’obstacles au développement local ; cette rencontre n’aurait pas grand intérêt. C’est pourquoi je m’efforcerai d’aller chercher les causes, celles qui expliquent. Pour vaincre un mal il faut supprimer la cause.
Pour soigner une fièvre, on ne casse pas le thermomètre qui ne renseigne que sur le niveau de la température du patient. On s’attaque au mal à l’origine de la hausse de température.
Le développement requiert, d’abord, une transformation de l’homme, la transformation de ses habitudes, de ses croyances, de ses comportements ; la modification de son système de valeurs.
Le développement requiert aussi une transformation des structures internes de la société, et un réaménagement des relations diverses permettant de favoriser l’accumulation du capital local.
L’exigence de la transformation de l’homme et de son milieu permet d’affirmer que le processus de développement est le produit d’une culture. La culture fournit aux individus un cadre d’apprentissage et d’adaptation. Ce qui

nous enseigne que les conditions du développement économique sont, d’abord, d’ordre interne, et liées à l’existence de ressources naturelles et d’une organisation sociale favorable et acceptée. Pour aboutir, une initiative de développement doit partir des bénéficiaires :

  • de ce qu’ils sont,
  • de ce qu’ils savent,
  • de ce qu’ils veulent faire,
  • et de ce qu’ils veulent devenir.
    Les conditions de développement sont, ensuite, d’ordre externe ; car en raison de la capacité insuffisante de financement par l’épargne locale, par l’impôt ou par l’emprûnt, l’apport du capital étranger est nécessaire.
    Ce préalable formulé, ce que je vais dire ne fera, peut-être ,pas plaisir à tout le monde. Mais je n’ai reçu aucune recommandation pour nous auto-caresser dans le sens du poil.
    Après ce petit avertissement gratuit je m’en vais introduire mon sujet

INTRODUCTION

Mmes et Mrs, l’équation du développement est de nature complexe et difficile à résoudre. De même la réalité qui recouvre le mot « développement » est redoutable, alors qu’on l’utilise à tout vent. C’est pourquoi je voudrais porter des gants pour la manipulation de ce concept, en évitant les considérations trop théoriques pour lesquelles, d’ailleurs, je ne pense pas avoir les compétences requises.
Ma préoccupation sera la suivante : en gérant la pénurie, comment assurer, dans le présent, la satisfaction de nos besoins essentiels (matériels, et spirituels), sans hypothéquer les possibilités pour les générations futures, de pouvoir satisfaire leurs besoins propres ? C’est un casse-tête qui n’est pas seulement chinois,il est universel !
Pour les spécialistes, « se développer, c’est produire et se reproduire » se développer, implique qu’on invente des stratégies soi-même, à partir de son patrimoine culturel propre (dans le patrimoine culturel de toutes les sociétés il existe des valeurs, des outils et des concepts appropriés). Dans le même temps il faut adapter les apports extérieurs,et partager, avec les autres, ce que l’on peut leur apporter.
Le développement n’est pas fermé, il est ouvert. Mais il ne s’agit pas de copier ,ou de photocopier.
Le singe est considéré comme le champion de la grimace.Il est inutile de chercher à lui faire la concurrence.Celui qui essaie,sera toujours en retard d’une grimace
Pour reproduire ce que les autres( lespays développés) ont déjà fait, il faut être exactement dans les mêmes conditions historiques : pas possible ! Alors, mieux vaut faire confiance en soi-même, profiter de l’expérience des autres, renforcer sa propre volonté de construire l’avenir, avec son entourage, à partir des leçons du passé et du présent.
Ce sont là des fondamentaux d’un processus de développement, des impératifs qui obligent au respect de normes sociales de solidarité, de justice et d’équité qui n’excluent personne.
A défaut de cela on ne fera qu’allonger la liste des expériences ratées.
Local ou national le développement n’intervient pas dans le vide ; c’est une réalité qui se manifeste dans un cadre donné avec des facteurs donnés.

Cet environnement est une réalité concrète, saisissable à travers des milieux physique et humain, des activités socio-économiques ...
Il s’agit d’un existant visible, voire tangible que j’appellerai : « le contexte. » Le contexte local sera la première partie de mon exposé.
Selon Jacques Austruy, (professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Paris-Ouest), « le développement est un mouvement qui bouleverse, fondamentalement, une société pour permettre l’apparition, la poursuite et l’orientation de la croissance vers une signification humaine »
Si tel est le cas nous allons rapprocher notre situation locale, ce que nous avons fait depuis l’indépendance, de la logique du développement. Ce sera la deuxième partie de mon exposé ; pour voir si nous tenons la route.
Cette approche nous conduira à appréhender, de manière spécifique, les obstacles au développement local, liés au contexte, à la manière dont nous mettons en œuvre les actions, à nos pratiques socio-culturelles.
Ce sera la troisième partie de mon exposé.
Tel est le fil conducteur que je voudrais suivre, avec vous, vers une conclusion ouverte . Pour vous permettre de me suivre, voici le plan de mon exposé.


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