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HISTOIRE : La parenté à plaisanterie au Burkina Faso

Ethnicité et culture : l’Alliance à plaisanterie comme forme de culture ciment entre les
ethnies au Burkina Faso

Le Burkina Faso est un pays plurilingue qui compte une soixantaine d’ethnies. A l’intérieur de chaque ethnie, les locuteurs de chaque langue fonctionnent selon leur vision du monde et leurs coutumes. C’est ainsi par exemple que la culture d’une ethnie A est différente de la culture d’une ethnie B à travers ses expressions artistiques, culturelles, religieuses, etc. Mais force est de constater que toutes ces ethnies se côtoient souvent et fonctionnent de façon harmonieuse avec d’autres ethnies notamment leur allié à plaisanterie. C’est donc dire que l’alliance à plaisanterie est un ciment qui soude et fédère les cultures, les langues, les régions et même les pays. La pratique repose en fait sur une forme de supra langage ou de supra culture permettant aux ethnies de se retrouver sur des terrains d’entente communs qui permettent la symbiose des cultures. Dès lors, les notions de langue et d’ethnies sont sublimées à travers le jeu verbal et la pratique du phénomène pour ne retenir que l’expression de valeurs communes partagées comme la solidarité, l’entente, la fraternité. En somme, le métissage des valeurs, des langues et des cultures comme forme de langage transcendant la simple notion de l’ethnie et de langue.
Nous essayerons de voir comment se construit cette notion d’intégration culturelle nationale à travers la pratique de cette valeur qu’est l’alliance à plaisanterie entre les ethnies, les villages, les régions et les patronymes au Burkina Faso.

I. Construction de la notion de l’alliance et de la parenté à plaisanterie :
I.1. Le rôle de régulateur des tensions sociales : les mécanismes de
prévention des conflits

A. La Gestion sociale de tensions par le rire
Il faut dire que l’alliance et la parenté à plaisanterie sont des constructions des sociétés qui leur permettent de vivre en bonne intelligence. C’est ainsi qu’au niveau des relations à plaisanterie inter-ethniques ou inter localités, il y a celles qui existent entre sous-groupes sociaux ; ainsi, l’ensemble forgeron, yarga, joueur de bendre et devin poeega se situe à la fois sur un double plan horizontal et vertical.

  • Il faut dire que l’alliance et la parenté à plaisanterie sont des constructions des sociétés qui leur permettent de vivre en bonne intelligence. C’est ainsi qu’au niveau des relations à plaisanterie inter-ethniques ou inter localités, il y a celles qui existent entre sous-groupes sociaux ; ainsi, l’ensemble forgeron, yarga, joueur de bendre et devin poeega se situe à la fois sur un double plan horizontal et vertical.
  • Sur le plan vertical, toutes ces personnes sont historiquement les serviteurs de la cour royale, ce qui les conduit à une certaine entente.
    Dans le dakιιre, aucun groupe n’est laissé de côté pour un bon équilibre de la société, car il s’agit bien d’un enjeu qui consiste dans l’anticipation de possibles conflits entre les membres de la société. Ainsi, la source éventuelle de conflit peut provenir aussi bien du voisinage, que de la parenté. On retrouve ainsi le dakιιre - note l’Abbé Damiba- entre le neveu et le mari de celle-là, le grand frère entre le frère cadet et la femme de celui-là, la grande sœur entre le frère et le mari de celle-là, le grand frère entre la sœur et la femme de celui-ci, la sœur entre sa sœur et le mari de celle-ci ou encore la femme donnée entre deux familles alliées.

Ainsi située, la relation à plaisanterie pourrait se définir comme la gestion sociale par le rire, de différentes sources de tensions possibles. Il s’agit d’évoquer le lien pour dédramatiser, de jouer sur un savoir-faire pour faire savoir ce qui fut ou ce qui est, de situer l’autre à bonne distance assez proche pour être le même, mais suffisamment distant pour rester l’autre. Ce qui conduit à penser que « les moose croient à ces relations permissives comme étant l’une des sources de renouvellement de leur société ; et c’est non sans raison qu’ils affirment que tant qu’il existera des Moose, il y aura cette relation à plaisanterie ».

B. « Sans rakiire, l’existence serait sans attrait »

Selon les moose, le rakιιre ou dakiire est un dog n mik (naître trouver), c’est-à-dire la
tradition ou héritage de la coutume. Les moose se réfèrent à cette notion pour expliquer la tradition comme une expérience ancestrale, à la vérité dérisoire au niveau des faits, et retentissante quant aux conséquences. Il en résulte l’élaboration d’un vaste catalogue d’injures ritualisées. La plus usitée, mais la plus grave, hors du contexte du dakιιre étant tampiiri (bâtard, être dont aucun homme ne veut assumer la paternité et qui, par conséquent, porte malheur au village).
Cette insulte constituerait une suprême offense pour les ancêtres du destinataire, en raison de ce qu’elle laisserait supposer si elle ne s’insérait dans les joutes oratoires coutumières. Cependant, l’aspect spectaculaire du dakιιre laisse à penser qu’il ne faut pas s’en tenir aux apparences immédiates pour rendre compte du phénomène.
La parenté à plaisanterie va ainsi désigner les relations individuelles, au sein du groupe domestique. En réalité, tout moaaga entretient deux types de rapports de parenté dans le cadre de sa « grande famille ». À l’égard de son père Ba, et des membres du buudu paternel (Ba yiir dâmba) la soumission à l’autorité, la déférence envers les personnes plus âgées et le respect de
conventions s’imposent. Ainsi, le père et sa parenté représente un pôle réputé « dur ».

À l’égard des membres du buudu de la mère, il y a plutôt, une relation d’entente
comme l’atteste cet adage « Ned pugdb sã toem sida bι a toeme dakιιre » (si la soeur de votre père change de mari, vous devez changer de parent à plaisanterie).
Quant à l’alliance cathartique, cette relation de détente constitue une « purge »
(catharsis, au sens premier signifie la purification) des tensions s’élevant entre les groupes sociaux déterminés. Les injures, comme par exemple munafika (hypocrite, pervers, calomniateur, vicieux), sont susceptibles d’empoisonner les relations entre les gens.Cependant, les propos obscènes se manifestent surtout dans un contexte de réciprocité, toutefois avec une nuance particulière par rapport à la parenté à plaisanterie.

En effet, l’alliance cathartique ne concerne pas toute la personne dakιιya mais au delà, il s’agit d’un ennemi fictif, en quelque sorte irréel.

Les San et samogo et les moose ont des rapports qui sont justifiés par tel vol véniel,
perpétré au temps jadis mais ce dakιιre n’est pas assorti des interdits matrimoniaux et sexuels.Il n’en va pas de même entre les moose et les peuls (Silmissi et Setba).

Les peuls ont des partenaires privilégiés, semble-t-il puisqu’ils « jouent » surtout avec les forgerons Sâaba et les bênda. Comme le dit un vieillard que cite P. Arozarena, « Sans rakiire l’existence serait sans attrait ».

C. « Faire le fou pour ne pas le devenir ».
Par ailleurs, il faut distinguer au niveau du dakιιre, les manifestations de détente liées
à la relation matrimoniale établie entre deux lignages ; plus précisément celles qui relèvent de la purgation des tensions entre deux groupes sociaux distincts de la société réelle, exprimant des réalités psychologiques et sociales.
Dans Gens de parole, Sory Camara, qui a entrepris une étude de différents aspects de l’alliance, retient que celle-ci « permet de canaliser les tensions éprouvées dans des rapports de parenté clanique et avec les alliés matrimoniaux. En effet, le sanankuya, à travers les échanges verbaux à caractères irrévérencieux entre alliés, établit une relation pacificatrice qui joue le rôle d’exutoire de tensions qui, autrement, dégénéreraient en violences ».

C’est justement ce sens de la parenté à plaisanterie en tant qu’instrument de régulation de tensions sociales et de divertissement que Sory Camara met en exergue « Il s’agit de désamorcer la guerre, de la jouer pour ne pas la faire ». Ainsi, le sanankuya permet aux Africains de l’Ouest de différentes contrées de fraterniser au premier contact, de dédramatiser des situations qui ailleurs conduiraient à des conflits ouverts.
Au Mali, le sanankuya agit comme une thérapeutique qui participe quotidiennement à
la régulation sociale. Les plaisanteries qu’échangent les alliés contribuent à détendre
l’atmosphère, à rétablir la confiance, toutes choses indispensables au dialogue.
Pour Doulaye Konaté,3 « le sanankuya, que les ethnologues ont maladroitement
assimilé à une parenté à plaisanterie (appelée aussi cousinage à plaisanterie) est un système de solidarité inter-clanique et interethnique très répandu en Afrique de l’Ouest. Il ne repose pas sur une parenté réelle entre alliés, à la différence de la « parenté à plaisanterie » qui concerne des personnes ayant des liens de parenté avérés (c’est par exemple la possibilité qui est donnée à un petit fils de plaisanter avec son grand-père ou à un frère de s’adresser « vertement » à sa belle sœur, l’épouse du frère aîné ou l’inverse). La manifestation la plus remarquable du sanankuya réside dans les échanges de plaisanterie entre alliés. Les propos
injurieux qu’échangent à toute occasion les partenaires ne peuvent donner lieu à aucune conséquence. Il s’agit d’une guerre entre frères ; comme une vraie guerre entre frères est néfaste, on est bien obligé de la transformer en jeu. Il s’agit bien de « faire le fou pour ne pas le devenir ».
Mais au delà de cet aspect ludique, l’alliance requiert une assistance mutuelle entre
alliés (sanankou) en toute circonstance, un devoir, voire une obligation de médiation lorsque l’un des partenaires est en conflit avec un tiers ».

D. Faire régner la paix entre les hommes
Dans la société traditionnelle africaine, la parole ne joue pas seulement le rôle
d’information immédiate, elle est aussi révélation d’une certaine attitude et disposition à l’égard d’autrui ; révélation et répétition d’un moment vécu ensemble, d’une histoire commune, ou si l’on préfère, « vécu partagé ». Lorsque le jeu verbal et physique des alliances à plaisanterie repose sur une base institutionnelle, lorsque les formes et les contenus sont violents dans la procédure, et lorsque l’ensemble des propos prend l’allure de véritables joutes oratoires, d’insultes et de moqueries, l’on se rend compte que leur portée n’est pas aussi simple qu’elle paraît, et qu’elle ne vise pas le seul besoin d’établir des relations au quotidien.

En effet, cette forme de communication réalise une prise en charge totale de l’individu, de ses caractéristiques physiques, morales, spirituelles et intellectuelles, de sa réalité quotidienne, de son statut social, de son histoire individuelle et de l’histoire de son groupe.
L’on instaure de façon ostentatoire la guerre verbale et gestuelle pour ne pas arriver à la vraie guerre, destructive des biens et des personnes.
Cette fonction d’harmonisation de l’alliance et de la parenté à plaisanterie a amené le
chef de Doulougou, dans la province du Bazèga et les notables lobi de Gaoua, dans la province du Poni, à attribuer la naissance du dakιιre et du moal (alliance à plaisanterie en Lobi) à Dieu : « C’est Dieu qui a créé le dakιιre et le moaldar ». Ceci pour avoir des moyens de recours pour apaiser les belligérants en cas de conflits et faire régner la paix entre les hommes.

L’alliance et la parenté à plaisanterie permettent de réguler les tensions sociales. En
cas d’accidents malheureux, et qu’il se trouve que les protagonistes sont des alliés à
plaisanterie, une entente à l’amiable peut être envisagée pour ne pas porter l’affaire devant les juridictions modernes. En « lavant le linge sale en famille », cela permet de mieux souder les liens, de rapprocher les deux groupes. C’est pourquoi certains enquêtés Bobo et Peul constatent avec regret que Peul et Bobo se convoquent aujourd’hui devant les tribunaux. Le pardon et l’humilité sont des marques distinctives positives dans la parenté et l’alliance à plaisanterie. Les personnes âgées sont garantes de la stabilité sociale. Elles permettent de réguler les tensions sociales.

L’allié à plaisanterie peut être un puissant médiateur qui peut éteindre un conflit imminent et dramatique. Le témoignage de Monsieur Sanou Blaise paraît assez éloquent :

  • Quand j’étais footballeur, j’avais un supporteur Peul qui m’invitait très
    souvent à boire (je ne prends que de la sucrerie). Un jour au comptoir, j’ai trouvé
    un homme qui ne buvait pas. Dès qu’il m’a vu, il m’a demandé de la bière. Je la lui
    ai offerte, il l’a bue un peu et versa le reste de la bière sur ma tête. Je me suis fâché et je voulais lui infliger une sévère correction. En ce moment, dans un coin du bar,
    mon ami Peul suivait toute la scène. Voyant le danger imminent, il s’approcha et
    s’interposant entre l’homme et moi. Il plaisanta en ces termes : « toi fils de buveur
    invétéré, on verse de la bière sur toi et tu t’énerves, il faut rentrer chez toi, buveur,
    va-t-en ». Foudroyé par la réaction du Peul, je quittai les lieux, très amer, parce que
    je voulais infliger à l’homme une correction mémorable. En rentrant à la maison,
    La colère grondait en mon for intérieur à tel point que j’ai refusé de manger. Vers
    14 h, mon ami Peul vint précipitamment me rejoindre à la maison pour prendre ma
    moto pour suivre le cortège funèbre. C’est à son retour qu’il m’appris qu’il se
    rendait à l’enterrement de l’homme qui avait versé la bière sur ma tête. Il a connu
    une mort subite sur une chaise. C’est alors que je me suis rappelé de l’intervention
    salutaire du Peul, parce que si j’avais succombé à ma colère ce matin, l’homme
    serait mort sans doute par ma faute, et je serais aujourd’hui en prison. Depuis ce
    jour, j’ai cru réellement aux vertus de la médiation dans l’alliance à plaisanterie. En
    effet, l’alliance à plaisanterie peut permettre d’atténuer les risques de conflits entre
    les hommes et même au sein des foyers.

    Sur le même registre, nous pouvons inscrire cette histoire qui confirme les mérites de l’alliance à plaisanterie dans la régulation des tensions sociales :
  • « A Makadougou, un village où habitent les Bobo, un Peul a fait des dégâts
    dans un champ avec ses bœufs, les notables lui donnèrent 72 heures pour quitter le
    village. Les Peul se réunirent et plaidèrent le calme et la compréhension. Ils
    reconnurent le tort causé par leur frère Peul. Ils lui demandèrent d’aller s’excuser
    devant l’autorité. Accompagné de ses concitoyens, le Peul est allé s’excuser à la
    chefferie Bobo. La médiation fut couronnée de succès car tout le village participa à
    la cérémonie de paix. N’eût été la médiation des autres Peul et les alliés à
    plaisanterie, les villageois allaient chasser ou même tuer le Peul .

Cette autre histoire entre Peul et Bobo montre les conséquences liées à la transgression des règles régissant le code de l’alliance à plaisanterie :

  • Les animaux sont passés dans le champ d’un Bobo. Le lendemain, un Peul de
    passage est accusé par le Bobo. Le Peul nia les faits ; le Bobo persista dans sa
    dénonciation. On demanda au Bobo de pardonner l’acte du Peul, il refusa
    catégoriquement. Il convoqua le Peul à la préfecture. Pendant que le Bobo se
    rendait à la préfecture pour demander la condamnation du Peul, son fils, par
    inadvertance, mit le feu à tout son champ. Il perdit ainsi toute sa récolte. C’est
    pourquoi il ne faut pas refuser le pardon d’un allié, celui qui le fait court le risque
    d’un malheur. Il s’agit d’une tradition légendaire entre les deux peuples. Cette
    histoire montre que les conflits sont condamnés. Celui qui viole ce pacte court le
    risque de la malédiction.

Chez les Peul, lorsque les gens s’affrontent au sein d’un village donné, le seul recours efficace est l’alliance ou la parenté à plaisanterie. On situe les responsabilités, ceux qui ont tort le reconnaissent et s’excusent. Les anciens stigmatiseront les actes de ceux qui sont en conflit en leur rappelant l’oubli de leur culture. Cependant, il existe des cas où les conflits ne sont pas maîtrisés. Le cas de Kankoudéni dans la Comoé où des événements dramatiques sont intervenus entre éleveurs et agriculteurs pendant l’année 2001.

Au Séno, dans l’environnement du village, le dénominateur commun est l’alliance et la parenté à plaisanterie. C’est ainsi que les habitants mettent tout en œuvre pour renforcer cette pratique, affirme Dicko Nassourou, un Peul du Séno.

Quand un homme se trouve devant son parent ou allié à plaisanterie, il a un
devoir de respect envers lui. Ce dernier a les mêmes devoirs bien qu’il plaisante. Il
est interdit à un Peul du Séno de faire la bagarre avec un Jelgo ou un Baridjo. Le
médiateur des deux parents peut les fustiger et ils sont tenus d’obtempérer. Le
médiateur peut à l’occasion exiger une réparation (un taureau) à cause de son statut
de Ferobe. Donc, l’acceptation de la médiation est un signe de respect et une
compréhension juste de la parenté à plaisanterie.

Une autre histoire illustre de l’efficacité de l’alliance à plaisanterie dans le Séno :

  • Une femme nommée Haoua fumait dans la salle de cinéma de Dori. Un policier
    qui ne comprenait pas pourquoi cette femme fumait dans une salle de cinéma, se
    dirigea vers elle et sans mots dire, cassa sa cigarette en deux. Haoua, une
    bagarreuse, que tout Dori connaît bien, attendit la fin de la séance pour régler son
    compte au policier. Elle était armée d’un couteau et d’un gourdin. Arrivée au
    commissariat de police, où je me trouvais, elle menaça de « casser la tête » du
    policier. Elle me raconta toute l’histoire en demandant si elle n’avait pas raison ?
    Tu as pleinement raison lui ai-je dit. C’est ainsi que je suis intervenu pour lui
    demander pardon. Comme je voyais qu’elle était très énervée, je lui intimai l’ordre
    de quitter les lieux sinon j’allai saisir tous les biens de sa famille et les distribuer.
    C’est alors qu’elle a souri, respectant mes injonctions. Je rappelle que Haoua est
    une béribéri et moi un Ferobe. Après cet incident, le commissaire fera un reproche
    sévère au policier en lui disant d’aller s’excuser auprès de Haoua parce qu’il
    n’avait pas droit de restreindre la liberté des citoyens.

.
Nous voyons à travers ce témoignage que l’alliance à plaisanterie renferme des codes,des clés qu’il faut détenir pour dénouer une crise ou un conflit. C’est de cet usage judicieux que fait le médiateur dans ce cas-ci pour sortir le policier abusif du mauvais pas dans lequel il s’est mis. Il a suffit au Ferobe (Dicko) de dire au Béribéri (Haoua) qu’il allait ramasser toutes ses affaires pour la calmer. En effet, dans la culture Béribéri, les biens de la famille sont sacrés.

L’alliance et la parenté à plaisanterie sont en fait le code pénal pour régler les conflits entre les populations de façon traditionnelle. « Avant l’arrivée de la justice moderne tout se réglait entre parents à plaisanterie au Séno et dans l’Oudalan. Les gens préféraient « laver leur linge sale en famille » plutôt que d’aller devant les juges religieux (Al Kali) qui étaient souvent partiaux. Aujourd’hui, des problèmes moins graves se résolvent entre nous. Il faut dire que quels que soient les différends, tout se règle par le pardon avec la parenté à plaisanterie et l’alliance à plaisanterie.

Cette histoire est le modèle de régulation d’un conflit entre Zoose et Yana :

  • En 1995 au secteur 3 de Fada, un conflit éclata entre Zoose et Yana, la tension
    était à son paroxysme. Le bilan fut désastreux, le marché du secteur brûlé, le chef moaaga blessé. Mais le conflit a été résolu par les vieux à travers les liens
    particulier qui lient les Zoose aux Yana. La police avait refusé de régler l’affaire
    préférant qu’elle soit réglée par l’alliance à plaisanterie. En effet, celle-ci a pu
    préserver la paix, éteindre ce conflit. La pratique sauve l’individu dans certaines
    circonstances difficiles : par exemple, un Yana est plus protégé à Tibga et Diabo
    (fief des Zoose) que chez lui à Comin-yanga et vice versa.

Un autre témoignage chez les Djan nous montre le rôle du médiateur managya dans la régulation des conflits sociaux :

  • Chez les Djan et Lobi, lorsqu’il y a conflit entre deux personnes de même
    clan, l’intervention du managya ou moaldar (allié à plaisanterie) est vite acceptée
    et le conflit s’évanouit aussitôt. Mais si elles sont de clans différents, l’intervention
    du managya est difficilement accueillie par celle qui n’est pas managya avec lui. Si
    l’entêtement se prolonge, le managya peut prendre à son compte la querelle au
    détriment de celui qui n’a pas voulu accepter son intervention, sa médiation. Le cas
    s’est produit à Bobo Dioulasso, dans le quartier de Bolomakoté en 1974. Un Gouin
    était en conflit avec un Bobo ; un Lobi est intervenu pour les séparer, le Bobo
    s’entêta, demandant au Lobi de se retirer. Alors ce dernier prit la querelle à son
    compte et envoya le Bobo à l’hôpital. On sait que les Lobi et les Gouin sont des
    alliés à plaisanterie.

Chez les Djan, les disputes entre clans sont régulées par un clan managya, entre
ethnies par une ethnie managya (alliée) qui normalise les relations12. Nous voyons donc que leur intervention est efficace dans les conflits ; parfois même indispensable. Ils ont le devoir d’intervenir pour rétablir l’harmonie entre les hommes, entre les hommes et les ancêtres et même entre les Esprits. Chez les Lobi et les Djan, lorsque deux personnes sont en conflit ou en guerre, l’allié peut intervenir comme médiateur en utilisant la feuille de karité (qu’il jette à terre ) et la cendre (qu’il verse à terre) pour signifier aux deux protagonistes le seuil à ne pas
dépasser. Le symbolisme des deux éléments est profond. En effet, le karité est un arbre qui a beaucoup de pouvoir (on en tire du beurre de karité qui guérit beaucoup de maladies). Le karité est un arbre qui s’interpose entre le monde des vivants et celui des morts (esprits), il est donc nanti d’une puissance mystique. La cendre vient du feu éteint et signifie que le conflit ou la guerre que les protagonistes entretiennent doit être éteint comme la cendre. La cendre symbolise donc l’extinction du feu, du conflit. Les Lobi anticipent les conflits grâce à ces symboles du karité et de la cendre ainsi qu’aux moyens occultes.

  • Chez les Lobi, en avril 2001, une histoire de vol de bœufs a entraîné mort d’hommes. Les habitants de Sapoli et de Tonkar victimes du vol ont décidé de marcher sur le village de Gomgombli, village des voleurs. Heureusement que le conflit a été réglé grâce au moaldar, l’alliance à plaisanterie.
  • A Banfora, une rixe entre deux enfants Lobi et Gouin a entraîné la mort du Lobi. Le chef de Banfora a dû intervenir avec l’invocation du fétiche de leurs ancêtres pour éteindre le conflit qui risquait de ternir les relations séculaires de paix et d’alliance à plaisanterie entre Lobi et Gouin.

L’allié à plaisanterie intervient dans des cas pour décrisper l’atmosphère notammen
chez les Lobi :

lorsque la maison est morose, si un Gouin arrive, et commence à parler mal, les
Lobi peuvent se défouler sur lui. Cela permet aux Lobi de se ressaisir et d’oublier leur tristesse. Il faut remarquer que ce comportement est plus fréquent dans les cas
de décès .

Les Traoré sont les médiateurs des Koné en cas de conflit dans la famille ou en cas de conflit entre un Traoré et un Coulibaly. C’est donc la force du pacte qui lie les deux groupes qui permet la médiation. Le rôle de régulateur de conflit de l’alliance à plaisanterie intervient aussi en cas de conflits des alliés à plaisanterie par les patronymes. Ainsi, lorsqu’un Koné et un Coulibaly sont en conflit, le médiateur Traoré peut intimer l’ordre aux Koné de cesser, et celui-ci doit se soumettre.

Dans les circonstances de joie comme le baptême, le rôle de régulations de tensions et frustrations peut être joué par les Coulibaly dans la maison des Ouattara. Lorsque les Coulibaly constatent qu’ils n’ont pas les moyens de fêter (pas de viande à offrir aux convives), ils se mettent à crier en ces termes pour exorciser la honte des Ouattara : « pourquoi, comment ? il n’y a pas de moutons à manger, mais vraiment c’est difficile ». Ce comportement permet aux Ouattara de sortir de leur honte.
Ce témoignage est éloquent pour dire que les situations de défaillance financière
peuvent être relevées par les alliés. Ceux qui ne le font pas s’exposent à un véritable courroux. C’est pourquoi, on voit ici les Coulibaly critiquer ouvertement les Ouattara.

Chez les Kassena, la réconciliation des personnes en conflit se fait par l’alliance et la
parenté à plaisanterie. Selon le Pô Pê (chef de Pô) :

S’il y a une tension entre des frères, l’allié à plaisanterie a un devoir
d’intervention pour réconcilier les parties. Si celles-ci refusent d’obtempérer, elles
verront les conséquences négatives de cette désobéissance. L’alliance et la parenté
à plaisanterie peuvent faire baisser la tension entre deux individus, deux familles et
même entre deux groupes politiques. Cela dépend maintenant de la souplesse de
l’individu ou ce que les individus vont déployer comme recours. L’intervention des
alliés à plaisanterie apaise les tensions. C’est leur intelligence et leur connaissance
qui entre en jeu maintenant. Donc s’il y a un malentendu entre deux groupes, ce
sont leurs alliés à plaisanterie qui interviennent pour apaiser la tension.

Les alliés ont aussi leur partition à jouer dans la régulation des conflits chez les
Kassena.

Les conflits politiques entre certains adversaires ont connu un dénouement heureux
grâce à la médiation d’alliés à plaisanterie dans la Comoé. Mais, on pourrait aussi dire que plusieurs responsables ou personnalités politiques ont tenté de jouer sur cette corde lorsqu’ils se trouvaient en visite ou en service dans une localité alliée à plaisanterie avec leur ethnie.

Enfin, cette anecdote témoigne de la force de l’alliance à plaisanterie en tant que
moyen de régulation sociale :

  • Un jour à Boulsa, un garde cercle San a acheté, de la viande au marché. Il refuse
    de payer le boucher. Convoqué par le commandant moaaga, il se rendit sans
    crainte. Appelé à s’expliquer, le San se mit à insulter le commandant et tous les
    Moose en disant qu’il avait pris ce que les Moose ont eu l’habitude de lui voler
    depuis longtemps. Le commandant moaaga se rendit compte qu’il s’agissait d’un
    San alors il dit : je ne savais pas que c’est l’œuvre d’un voleur de Zoom koom.
    Rentre chez toi ». En effet, c’est grâce aux liens de plaisanterie qui unissent les San
    et les Moose que ces derniers se sentent intégrés dans toutes les zones
    d’administration où ils servent et réciproquement. Le Zoom koom16apparaît comme
    un leitmotiv dans toutes les plaisanteries entre ces deux groupes.

II. L’alliance et la parenté comme forme d’intégration nationale au Burkina Faso
II.1. Un métalangage et ciment entre les ethnies :
A Boulsa, village situé à l’est de Ouagadougou, les groupes sociaux suivants entretiennent des relations à plaisanterie :
Nioniosé/Yarsé
Yarsé/Dapooré
Nioniosé/Peuls
Yadsé/Gourmanthés
Benda/Yarsé
akomsé/habitants de waglin
Yarga/Yemdaado
Benda/Sããba (forgeron)
Sããba (forgeron) /Yuuma
Peuls/ Sããba (forgeron)
Yarsé/ Sããba (forgeron)
Yarsé/Marense (teinturiers d’origine djerma)

A Tenkodogo, Silmigha (Peuls)/Yarga ; Yarga/ Sããya ; Silmiga (Peul)/Yarga. A Koupéla, ce sont les groupes Yarse/(Yemdaado) qui entretiennent l’alliance à plaisanterie.

A Dori, dans le sahel, on rencontre le même phénomène. Ainsi, les groupes sociaux
suivants plaisantent : les Bellas et les Mallebe, les jawamбe et les Bella. Entre bella et Jawamбe,c’est plus fort que les autres. Pendant la fête de « haram », les Jawamбe et les Bellas se donnent mutuellement des cadeaux symboliques. Par exemple entre les Jallube et les Jawamбe ou les Bellas et les Jawamбe, il paraitrait que c’est un jawando qui s’était marié avec plusieurs femmes et qui n’avait pas eu d’enfants. Il décida de se marier avec une jawando et une Jallube ce était rare de voir à l’époque, un peul se marier à une Bella. Avec ces deux femmes, il eut deux enfants. Ces enfants ont pour oncles maternels des Jallube et des Bella.

Donc cette parenté à plaisanterie est née là de cette manière.
Les groupes sociaux qui entretiennent les relations à plaisanterie dans le séno sont : les Fulantumuбe, et les Baaбee, les Gurmaбee et les Baaбee, les Gurmaбee sont des gourmantché. ; les Jalluбee et les Jelgoбee ; les Toroбee et les Barriбee, les Feeroбee et les Wabamбee, entre les Mawri et les Peuls, les Beriberi et les Peuls, les Jawamбee et les Bellas. Les groupes sociaux qui entretiennent des relations à plaisanterie entre eux sont : les haaбee et les Wolanбee, les Torooбee et les Silluбee, les habitants de ourolonga et ceux de Kampiti, les Jawamбee et les Bellas, les Gawoбee et les Cirgaбee. Les Bellas et les Jawanбee, les toroбee et les Dalluбee, les Wolarбee et les Baaбee, les Jaaluбee et les Jelgoбee, les Baariбee et les Ferroбee, les Fongaбee et les Kampitiбe.

II.2. Entre un groupe social et une ethnie
C’est le cas des forgerons bobo et des Peuls qui sont par un pacte plus fort que celui de toute la communauté Bobo/Peul. En effet, le forgeron jouit d’une certaine considération sociale et son activité de producteur d’armes et d’outils aratoires fait de lui un homme craint
et respecté.

II.3. En cas de décès : les théâtralisations sociales

Il faut dire que les populations alliées ont trouvé des codes de langage verbal et non verbal pour décrisper l’atmosphère même en cas funérailles. Cette forme de métalangage soude les groupes sociaux et les groupes ethniques alliés. C’est le cas lors des décès qui peuvent correspondre aux funérailles fraîches ou chaudes.

Dans sa brillante thèse sur les moose, Essayer la folie pour voir, Risque et prudence
des moose, l’Abbé F. X. Damiba a abordé la question de la parenté et de l’alliance à plaisanterie, dakιιre.

Du point de vue anthropologique, le dakιιre fait partie de la catégorie des discours
appelés théâtralisations sociales. Il fait donc partie des institutions d’une autre nature qui contribuent également à retremper la collectivité ou certaines de ses parties dans la joie de vivre, tels les jeux bouffons, les masques et les diverses formes de théâtralisations sociales.
Les deux termes dakιιre ou dakιιre sont admis, parce qu’en moore les consonnes d et r, à l’initiale, sont considérées comme interchangeables.
On distingue trois formes principales de dakιιre dans la littérature orale des moose,
selon l’Abbé Damiba. C’est ainsi qu’une première forme est basée sur la légende ou le mythe. C’est l’exemple du forgeron et du peul. Cette relation se noue autour de la notion d’apprivoisement. Le forgeron fut, selon le mythe, le civilisateur du peul car il le fit quitter son « tronc d’arbre » pour l’initier à la vie sociale ; cette version est contestée par le peul qui proteste avec véhémence chaque fois qu’il en est question d’où une ambiance bons enfants. Il s’agit, selon la tradition, d’une relation permissive qui expliquerait l’embarras du peul lorsqu’il vend son lait, ou quand il voit venir un forgeron. Dans ces conditions, ou bien il lui offre le lait et évite la lutte, ou alors ils se mettent à lutter ; l’un pour retenir le lait, l’autre pour le boire sans bourse délier, finissant généralement par renverser le lait. Dans tous les cas, le peul est perdant. Aussi, pour limiter les risques, invite-t-il souvent « son parent », de manière
très gentille, à venir prendre quelques cuillerées de lait pour étancher sa soif, ce qui désarme souvent le forgeron ; le résultat étant que chacun rit de bon cœur.

Nous voyons dans le cas du décès ou des funérailles que les alliés sont ici les mieux
placés pour exorciser « la douleur » de leurs alliés. Il n’y a pas de complexes, au contraire, en insultant, en faisant semblant de banaliser « la mort » et « le mort », on crée du même coup un autre climat propice à la retenue. C’est tout l’effet recherché dans ces théâtralisations sociales.

Dans le plateau central, on verra encore un Moaaga se permettre d’investir le tombeau de son allié et exiger une réparation avant de quitter le tombeau. La bagarre physique peut s’engager à l’occasion entre les deux groupes. Si des blessures graves adviennent, il est formellement interdit de porter une rancune. Selon un de nos informateurs, un cas malencontreux s’est passé à Koupéla où la fracture du bras d’un protagoniste est intervenue suite aux jeux entre deux alliés à plaisanterie. L’affaire n’a pas été portée dans la gravité, car les règles du jeu étaient bien précises. La règle générale chez les alliés et parents à plaisanterie
est d’éviter de verser le sang de son allié.
Dans la Comoé, c’est le Gouin qui se permettra cette scène vis-à-vis de son allié
défunt. Certains vont se permettre même de brûler la tombe en signe de simulacre. Le cadavre est aussi objet de plaisanterie. Lorsqu’il y a relations entre deux groupes, en cas de décès d’un membre de l’autre groupe, on peut remarquer que celui-ci peut aller jusqu’à voler le cadavre ou encore tirer les pieds en refusant qu’on amène le cadavre. En guise de compensation, le groupe peut demander un dédommagement en termes monétaires.
En cas de décès d’un vieux Lobi, le dispositif est mis en place pour satisfaire les alliés
Gouin notamment un bœuf ou un mouton qu’ils consomment, autrement ils investiront le tombeau au moment de l’enterrement.
Il faut dire que le jeu des alliances va se dérouler d’une façon particulière pendant les obsèques. Ainsi, lors des funérailles d’un Dagara, les Gouin présents aux cérémonies ne se gênent pas du tout. Pendant que les gens manifestent leurs douleurs, ils se livrent à des activités ludiques et provocatrices. Mais tout cela participe de la dédramatisation de la situation.

Il s’agit effectivement de théâtre : l’antagonisme en l’occurrence y est joué, simulé par des acteurs, devant des spectateurs ; nul n’est dupe du caractère fictif de ce qui se déroule ; à un étranger qui s’inquiéterait devant la scène, on s’empresserait de lui dire c’est du jeu, ils s’amusent. Et l’interdit de colère effective est là pour éviter que ce jeu ne tourne au sérieux.
L’effet visé par cette mise en scène est bel et bien la détente, la catharsis théâtrale. Il s’agit d’amuser l’assistance, de faire rire pour détendre l’atmosphère…et le public, en général, ne s’en prive pas !.

Chez les Dagara « les gens de cendres » , enduisent les personnes proches du défunt pour leur éviter des états d’âme qui sont à même de provoquer en eux des chocs psychiques. Ils s’adonnent, pour ce faire, à des pitreries pour faire rire les gens et détendre ainsi l’atmosphère. Outre ces alliances particulières, il y a lieu de distinguer les rapports de plaisanterie que les petits enfants (garçons et filles) entretiennent avec leurs grands-parents (grands pères et grands-mères). Les petits-fils sont autorisés à tirer l’oreille de leurs grands parents. Aux funérailles de ces derniers, ils ne pleurent pas, mais s’amusent de plusieurs manières. On les reconnaît par la ceinture de cauris qu’ils portent en bandoulière. Sur les lieux de partage de la viande, si les Gouin arrivent à s’accaparer d’un quelconque morceau, on ne
peut le leur reprendre, et des Dagara, ne s’en privent pas. Au moment de l’enterrement, les Gouins investissent la tombe et n’en sortent qu’après la promesse de paiement (généralement ils exigent pour ce faire un bœuf). En cas de décès, les gens pleurent le cadavre, mais certains parents à plaisanterie jouent en s’enfuyant avec le cadavre, les autres alliés sont obligés de s’humilier pour avoir le cadavre. C’est aussi le cas chez les Moose.

Chez les Djan, à la mort d’un vieux chef de clan, les alliés managya poussent les gens à rendre les funérailles joyeuses. Ils font semblant de pleurer. Au temps de la culture du maïs, ils rentrent dans le champ du défunt ou de ses fils, en cassent les épis. Ils ont droit à une patte antérieure du bœuf qui est tué pour les funérailles, mais ils essaient de se procurer un morceau de viande par la force, on les pourchasse et ce jeu anime les funérailles. Ils puisent les cauris destinés aux musiciens, descendent dans le grenier pour puiser dans le trésor du défunt ; ils
peuvent même s’emparer de l’or qui s’y trouve éventuellement sans être nullement inquiétés. Les managya ont aussi des responsabilités en cas de certains décès. Il revient au managya d’assurer l’information auprès des parents, des amis et connaissances du défunt. Ils ont la garde du bœuf tué dont la peau servira à attacher le cadavre dans la natte pour l’interrogatoire. Dans certains villages, ce sont les managya qui interrogent le mort.

B. Les récits et témoignages
Il existe des écarts de comportements chez les Bobo en cas de décès d’un Peul. Ils se présentent et cherchent à savoir s’il y a des bœufs. Les Bobo peuvent empêcher d’enterrer le cadavre si leurs doléances ne sont pas satisfaites. Le Peul a un attachement sans égal pour son cheptel. Mais le fait de permettre de tuer un bœuf pendant les funérailles d’un Peul est le signe de détachement en cette circonstance et du prix culturel qu’il porte à l’alliance à plaisanterie.

Au sein de la famille Bobo, les parents proches interviennent pour atténuer la douleur des autres membres plus fragiles :
Quand mon grand père est décédé, confie un Bobo, je me suis mis à pleurer et
ma mère m’a demandé pourquoi je pleurais. Pour elle, je ne devrais pas pleurer,
c’était elle plutôt qui devait pleurer. C’était une manière de me consoler parce
qu’entre le grand père et le petit fils, il y a la plaisanterie. C’est une manière de ne
pas dramatiser l’événement malheureux.

Nous voyons que dans la famille, les relations sont très renforcées entre le petit-fils et les grands parents, ce qui fait que les rapports peuvent être très vifs en cas de disparition d’unancien.

En cas de décès, l’allié à plaisanterie peut se coucher dans la tombe pour empêcher les parents d’enterrer le défunt. Les parents sont obligés de demander pardon et de donner quelque chose (animal ou argent) en compensation. Voici ce qui est arrivé lors du décès d’un vieux San :
À l’enterrement d’un San, un moaaga rentre dans la tombe. Les gens meurtris
croyaient qu’il allait attraper le corps pour le coucher par terre. On le lui donna,
mais celui-ci le repoussa, le manège dura si longtemps que cela provoqua une
irritation au sein de la foule. Mais le moaaga était venu de Ouagadougou avec les
fils et filles du défunt, c’est eux qui donnèrent l’argent en expliquant à la foule qui
il était, un allié à plaisanterie. Ainsi il sortit de la tombe et laissa continuer la
cérémonie d’enterrement. En remettant l’argent au moaaga, les fils du défunt lui
dirent : « c’est pour couvrir les frais de carburant ».

Un autre exemple frappant s’est produit à l’occasion des obsèques de l’Evèque
Zoungrana à Ouagadougou, nous avons assisté d’ailleurs à des scènes de siège de son tombeau par les alliés plaisanterie San.
Par ailleurs, lorsqu’un vieux meurt, les petits-fils (puisqu’il y a parenté entre petit-fils
et grand-père) peuvent bloquer la porte de la maison où se trouve le corps pour empêcher la levée du corps et l’enterrement. En ce moment, les fils du vieux sont obligés de négocier en donnant aux petits-fils ce qu’ils demandent. Jadis, c’était du tabac, mais maintenant c’est de l’argent. Deuxième exemple, en cas de décès, les parents à plaisanterie vous apportent de la bouse de vache en lieu et place du tabac pour faire rire.

Il faut dire que même après la mort, la plaisanterie continue. Avant si un Baribe
mourait, un Ferobe pouvait dire :

Voilà tu es parti, pauvre type. Ton malin est maintenant terminé. Si tu n’as rien
laissé, je prendrai ta femme quand même. Je peux danser sur ta tombe ce n’est pas
interdit. Je fais ce que je veux.

Le Ferobe dit tout cela en sachant qu’intérieurement il pleure.

L’un de nos informateurs rapporte qu’au décès de sa cousine, il s’est mis
exprimé en ces termes :

  • « Voilà maintenant, je t’ai divorcée et Dieu t’a épousée »
    Ces échanges verbaux ont uniquement pour but d’atténuer la douleur de la famille du
    défunt.

En ce qui concerne les Bisa et les Kassena, s’il y a un décès, l’un ou l’autre camp peut occuper la tombe pour retarder l’enterrement et il faut négocier et donner ce qu’ils demandent avant d’avoir l’autorisation. Le plus souvent, on offre des paniers d’arachides et un chien.

.
En cas de décès chez les Kassena, s’il y a le « Doorou  », entre alliés la plaisanterie continue.

S’il y a décès chez les Tiétembou, les Gomgnimbou s’y rendent pour leur dire ceci : « Vous avez encore tué, vraiment, vous êtes forts de ce côté là, bon si c’est ainsi donnez-nous un morceau ». Ces mots ne doivent pas énerver l’interlocuteur.

En cas de décès, la plaisanterie continue donc chez les Kassena, par exemple, on utilise les termes suivants pour s’amuser : « Vous avez encore tué ? Donnez-nous aussi un morceau si le corps n’est pas encore enterré ».
Cette allusion au morceau de viande est un clin d’œil à la sorcellerie dont serait
victime le défunt. Mais, au delà de ces allégations, le but recherché est de trouver un alibi à la mort, parce qu’on sait que dans les sociétés africaines, la mort n’est pas souvent gratuite et connaît des interprétations multiples.

Après un examen des mécanismes de fonctionnement de l’alliance et de la parenté à
plaisanterie en cas de décès, nous nous intéresserons maintenant aux propositions d’utilisation et de modernisation de la pratique dans la vie publique.

II.4. Un métalangage et ciment entre les patronymes

Dans les enquêtes menées dans la province du Kénédougou, précisément dans les villages de Samogohiri, Banzon, Kourouma, Kayan, les patronymes suivants sont
sytématiquement des alliés à plaisanterie :
Traoré/Koné
Ouatttara/Coulibaly
Cissé/Barro
Diarra/koné
Barro/Konaté
Diarra/Coulibaly
Traoré/Coulibaly
Tioro/Tioro
Tanon/Barro.

Chez les Bwaba, on distingue les patronymes suivants alliés : Keita/Coulibaly ;
Diarra/Coulibaly ; Dembélé/Traoré. Dans la Comoé les patronymes suivants sont des alliés :
Koné/Traoré
Ouattara/Coulibaly
Traoré/Diarra/Koné
Traoré/Koné
Traoré/Diarra
Ouattara/Coulibaly
Koné/Coulibaly
Touré/Barro
Traoré/Kanté.

Nous allons essayer d’expliciter les origines de formes de parenté à plaisanterie entre les patronymes. Arrêtons-nous un instant sur le cas des Ouattara et des Coulibaly dans la Comoé. En effet, les résultats de l’enquête notent deux versions de l’alliance à plaisanterie entre Ouattara et Coulibaly. La première, celle d’un Ouattara censé être un Sembla :

« Les Bwaba étaient nos serviteurs, il y a longtemps que nous sommes ensemble. Dans le passé, nous guerroyons ensemble. Et nous aimions monter sur les collines pour bien localiser l’ennemi. Un jour, nous avons demandé aux bwaba de monter sur la colline en éclaireurs. Ils n’ont pa pu monter. Et nous leur avons demandé ce qui se passait. Ils ont répondu que la colline les empêche de monter ; d’où leur nom Coulibaly. C’est pourquoi Ouattara et coulibaly sont très liés. Les Ouatarra sont toujours plus forts que les coulibaly. Les Sembla sont des Ouatarra et les Coulibaly sont des Bwaba ».

La deuxième version, celle d’un Coulibaly censé être un Bwaba :
Le Ouattara était un messager du chef Coulibaly. Il a bénéficié de beaucoup d’avantages et a pris ensuite son autonomie. Mais son autonomie tourne court car les Ouattara étaient des ratisseurs. Un jour, ils décident de lier un pacte de paix et de vivre ensemble ».

Identiquement, nous allons chercher les origines de l’alliance à plaisanterie entre les Traoré et Koné et Diarra.

Pour les Traoré, les Koné et les Diarra sont des ingrats parce que pendant les guerres tribales, ils étaient presque vaincus et ils ont eu recours aux Traoré pour leur permettre de battre l’ennemi. Les Traoré, après avoir aidé les Diarra et les Koné se reposaient sous un arbre pendant que les Diarra et les Koné étaient en train de manger sans les inviter. Il faut souligner que les Traoré qui sont venus participer au combat de la victoire des Diarra et Koné sur l’ennemi ont en réalité pour nom en dioula « an taara minn weele » par déformation de la langue devenu Traoré.

Chez les Djan, ce sont les Sou/Palm qui sont autorisés à plaisanter.

Chez les Gourmantché nous avons les patronymes alliés suivants :
Combary/Lompo, Thombiano, Diabouga, Lankouandé, Onadja. L’origine vient du fait que la femme Combary a su subtiliser le bonnet de chefferie des Nassouri pour leur remettre.

Par ailleurs, nous avons les patronymes Lankouandé qui sont alliés avec les Natama et Ouoba. L’origine provient du fait que les Natamas et Ouoba savent préparer la viande du chien. Les Lankouandé apprécient l’art de cuire le chien des Natamas et Ouoba . Alors, un jour ils décident d’en faire. Etant inexpérimentés, ils ont fait une mauvaise cuisine qui a engendré des conséquences désatrueuses dont la diarrhée. Depuis ce jour, les Ouoba les traitent de gourmands.

Quant aux Couldiaty, ils traitent les Nassouri de dapola ( c’est à dire souris). En retour les Nassouri disent avec mépris : vous êtes des étrangers, espèce de haoussa.

Chez les Kassena, il y a le « Cobiou » qui est une alliance à plaisanterie entre frères
de même ethnie et village. En exemple, nous pouvons citer les Gomgnimbou et les
Tiétembou ; les Bilgo et les Tohogobou.

Chez les Dagara, le jeu de plaisanterie existe entre deux matriclans : Somé/Dah,
Somdha ; Méda, Hien/Kambou, les (Gbãane/Kpila).

Chez les Peuls du Séno, on a les patronymes suivants qui sont des alliés : Diallo et
Jelgo Diallo et Baridjo. Si un Jelgo et un Baridjo se tapent, l’intercesseur un Diallo peut leur dire : arrêtez tout de suite, et ils sont obligés de s’exécuter.

II.5. Un métalangage et ciment entre les régions, villes, villages, quartiers,
A. Les formes basées sur la toponymie : l’alliance à plaisanterie inter-régionale

Elle se définit dans la perspective d’un lien de plaisanterie entre deux provinces,
conformément au découpage administratif du Burkina. Mais cette délimitation est purement formelle pour le cas de notre étude car les frontières entre les provinces sont souvent caractérisées par des zones de capillarité ethniques. Ainsi les habitants de la province du Ganzourgou entretiennent des relations de plaisanterie avec ceux de Koupéla. Ceux de Tenkodogo avec ceux de Koupéla. C’est le cas de Boulsa et Téma qui entretiennent ces relations à plaisanterie. On peut citer aussi le cas de Boulsa et de Mané, de Tenkodogo et de Koupéla, vice versa, de Koupéla et de Zorgho entre les gens de Ratenga et ceux de Risam dans le Bam, entre ceux de Mané et ceux de Boulsa, Kaya et Pissila  ; Piktenga et Louda au Sanmatenga.

B. l’alliance à plaisanterie (inter villes, villages, quartiers)

L’enquête menée dans plusieurs provinces du plateau moaaga (Namentenga, Boulgou, Ganzourgou, Kouritenga, Yatenga, Bam etc…) révèle qu’il existe plusieurs formes d’alliance à plaisanterie au niveau des entités géographiques que sont les régions, villages, et quartiers.

B.1. L’alliance à plaisanterie inter-village

Elle peut se présenter entre deux villages proches d’une contrée. La relation entre deux villages peut s’entendre comme un lien entre deux villages d’une même province.
A Zorgho cette pratique se retrouve entre les localités ou villages suivants : Kaanghin/Tanghin/Méguet
Kabouda/Zorgho
Zorgho (Nakomse (princes)/Bougoulem (Nioniosé)
Tensobdogo/Pissy
Pissy/Gelgê
Ouidi/Tambogo
Yougoulmandé/Da yorgo (quartiers des yarsé)
Dapoya/Nayirdamba (cour royale)
Nédego/Méguet
wapassi/(quartier Bãdo).

Au Kénédougou, les gens de Kangala plaisantent avec ceux de Sokouraba ; les
ressortissants de Banzon avec ceux de Djigouera et de Toussiana  ; les ressortissants de Kourouma avec ceux de Famberla (de N’Dorola).

B.2. L’alliance à plaisanterie inter-quartier

Elle se définit sur l’échelle de deux entités d’un même village. Dans la province du
Namentenga précisément à Boulsa les quartiers suivants entretiennent des liens d’alliance à plaisanterie : Nioga/Paranouigué, Sanyiri (localité proche de Koupéla)/Bonam (quartier de Boulsa) ; Bonam (quartier d’origine de Boulsa de Naaba Namendé)/Baloguin, Koupéla ; habitants de Wagda/ (quartier de Boulsa)/ chef de Boulsa ; Dapoya/Ouidi ; Waglin (habité par des Yadse/ princes de Boulsa issus de Naaba Namendé) ; Kognéré/Doatenga ; Lioulgou/Kognéré ; Paspãga/Bagãnin.

A Koupéla, on retrouve la même pratique entre le chef de Koupéla et les habitants du quartier Dapoya ; les quartiers Balma/Paspãga. Toujours, à koupéla les quartiers suivants plaisantent ensemble : Balma/Dapooré/Paspãga ; Nakalbo/Dapooré ; Voogo/Kalguin

Dans la ville de kaya , il y existe des quartiers qui entretiennent des relations à plaisanterie, notamment les localités de Piktenga /Louda, parce que les ressortissants du secteur de Piktenga arrosent le secteur 7. De même, le canton de Louda arrose le secteur 4 . Donc les secteurs 7 et 4 plaisantent et, par extension, les ressortissants de Gaoua, Tiweega, Kougren, Louda.

Conclusion

En définitive, on observe un fait frappant dans paysage culturel du Burkina Faso. Ce
pays compte une soixantaine d’ethnies. En dépit de cette diversité d’ethnies et de cultures, règne un esprit de tolérance au sein des populations qui cohabitent paisiblement. C’est l’occasion de souligner le rôle de la parenté à plaisanterie comme ciment entre les ethnies, entre les familles, entre les villages, entre les régions et qui finalement favorisent la bonne cohabitation. Tout ce brassage culturel et ethnique crée une forme de métalangage qui permet de souder les communautés.
L’alliance à plaisanterie qui repose sur une forme de supra langage ou de supra culture permettant aux ethnies de se retrouver sur des terrains d’entente communs qui permettent la symbiose des cultures.

Cette analyse répond parfaitement à la situation socioculturelle du Burkina où les
ethnies cohabitent et s’interpénètrent sans heurts. L’alliance et la parenté à plaisanterie apparaît comme nous l’avons montré comme un supra langage qui soude les différentes ethnies du Burkina Faso. C’est pourquoi, toutes les ethnies du Burkina Faso vivent en symbiose dans une complémentarité culturelle.
Nous avons tenté de révéler ces différents aspects à travers cet article. Notre ouvrage révèle d’autres facettes des alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso.

Nonobstant cette valeur traditionnelle léguée par les ancêtres, il y a urgence de
développer des stratégies de sa pérennisation. Dans cette perspective, l’Etat moderne ne doit l’ignorer ou la mépriser. Au contraire, il peut s’en servir comme un tremplin et doit y puiser comme un terreau favorable pour unir les communautés et les souder. Dans ce sens, les nominations des fonctionnaires dans des zones alliées à plaisanterie pourrait renforcer et réactualiser cette pratique.
Des décisions de soutien aux Associations, groupes ou communautés qui pratiquent le jeu et ses valeurs doivent être prises pour sa promotion. C’est à ce prix que nous ferons de l’Afrique un continent où règne plus de tolérance. Le monde souffre des génocides du Rwanda, des charniers de Youpougon, des épurations ethniques de toutes sortes.

Dans la perspective d’une décision politique, au niveau des institutions, une journée nationale ou internationale de la parenté à plaisanterie ou encore une journée des nations peut attirer l’attention des citoyens à plus de tolérance et de fraternité. Au cours de cette journée, chaque culture présentera ses coutumes, sa vision du monde etc. Cette journée va constituer une sorte de valorisation de ce qui constitue le fondement de chaque identité pour une sorte de communion de la somme des différences qui composent finalement l’identité nationale ou internationale. Cette re-activation de la tradition s’exprime déjà au niveau associatif au Burkina à travers la société civile avec des associations de promotion de la pratique sur tout le territoire. Parmi ces associations, l’Association pour la promotion de la Parenté à plaisanterie (AB3P) apparaît comme celle qui essaie de sensibiliser les populations citadines. Elle a su jeter les bases de la modernisation de la pratique et contribuer à cultiver la
culture de la paix au sein de communautés citadines burkinabé déracinées. Ses manifestations culturelles et sportives ; conférences autour du thème de la parenté à plaisanterie, nuits culturelles, match de foot entre ethnies, tendent à prévenir les conflits ethniques et à installer une culture de paix et de tolérance au Burkina Faso.

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