Le "nabasga" est une fête culturelle célébrée chaque année par les chefs coutumiers. Le Naba Sanem de Zorgho le tient régulièrement autour de la première semaine du mois de juillet. La fête consiste fondamentalement en un rituel de sacrifice pour remercier les ancêtres pour la saison écoulée et implorer leur bénédiction pour celle qui commence.

Elle a toujours drainé un grand monde et est devenue depuis un certain temps, un grand moment de retrouvailles pour les filles et fils de la province. Elle est également l’occasion pour les commerçants de faire de bonnes affaires.

Cette année, à quelques jours de la fête, les pagnes à l’effigie du chef, confectionnés pour la circonstance manquaient déjà sur la place du marché. Près d’une dizaine de nouveaux maquis se sont ouverts aux coins des rues et les anciens ont fait peau neuve.

Pour information, la fête commence par une retraite secrète du chef dans un village pour quelques jours. Son retour dans le palais marque le début officiel des festivités. Dès le matin du samedi, les troupes de danse se mettent en place aux alentours du palais royal. Pour les amateurs de la culture moaga, il y a bien de quoi découvrir. Warba, maransé, yarma, liwaga, kiègba, toutes les sortes de danse sont là et s’exécutent au rytme d’une sonorité indescriptible. Pour le chef, le temps est très précieux. Des centaines d’invités de haut rang arrivent de partout dans son palais et celui-ci avec ses notables, s’affaire à les recevoir.

Le moment tant attendu par la population est sa sortie triomphale dans la soirée du samedi. Aux environs de 17h, il sort à cheval, accompagné de ses ministres, de ses notables, quelques femmes de la famille royale portant chacune un panier sur la tête. Il simule ainsi un voyage dont la destination ne sera autre que l’ancienne place du marché située à quelques centaines de mètres du palais où il fera 3 tours avant d’effectuer le grand sacrifice.

Aux abords de la voie qui mène à ce lieu, devant et derrière le chef, des milliers de personnes font le mouvement pour observer le rituel. Le spectacle est émouvant. Son retour dans le palais donne une autre coloration à la fête. L’animation redouble d’ardeur. La circulation devient danse et c’est le moment où la grande prudence est exigée et la sécurité renforcée car les jeunes s’adonnent à des accrobaties dangereuses. A cet effet, trente sept (37) policiers étaient mobilisés pour assurer la sécurité et règlementer la circulation.

Travail appréciable ! Mais la grande excitation, accentuée par l’excès d’alcool de certaines personnes, surtout de la jeunesse, conduit à des accidents parfois mortels. Pour cette année, la police en a relevé quatre (4), dont un (1) mortel, sans compter les accrochages qui ne leur sont pas signalés. Pour certaines personnes, ces abus et excitations qui endeuillent souvent des familles, en plus de la saison pluvieuse qui s’installe difficilement, ont fait que l’affluence n’a pas atteint son record habituel cette année.

Les grands gagnants de cette fête sont les détenteurs de débits de boissons. Après le retour du chef au palais, d’autres vont pour voir les danseurs et d’autres iront investir les maquis où la bière coulera à flots et sera accompagnée de brochettes et autres "crapauds", au grand bonheur des vendeurs. La fête prend officiellement fin avec le tour du marché par les "reines", 3 jours après. Rendez vous est pris pour l’année prochaine.