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Les mosquées mythiques de Bani
Les mosquées de Bani construites à partir de 1979, sont l’un des plus importants patrimoines culturel et touristique de la région du Sahel.
Sur la route du Sahel depuis Ouagadougou,on ne peut pas manquer ces sept mosquées entourant le village de Bani.
A cheval entre Kaya et Dori, Bani (60 km de Dori) est admirable avec ses mosquées. Ces monuments sont l’œuvre d’un homme mystique considéré comme "un saint", El hadj Mohamed.
Les mosquées de Bani, tout un symbole ! Du site où sont construites les 7 mosquées aux matériaux ayant servi à leur élévation en passant par les figures rupestres de décoration, sens et signification sont les maître-mots. Ces mosquées sont élevées sur les collines environnantes, toutes dirigées dans le sens de la grande mosquée, située à un niveau plus bas. Sous un soleil de plomb, Moussa Cissé l’un des guides explique que les 7 mosquées sur les différentes collines "prient" par la grande.
Les collines sur lesquelles sont bâties ces dernières forment la position d’un homme en prière avec les deux bras levés (prière d’invocation d’Allah, le Tout-puissant et miséricordieux). Par son génie inné, l’initiateur de ces mosquées El Hadj Mohamed qui, selon notre guide, a séjourné 40 ans en brousse, a construites ces mosquées sans plan architectural au préalable. Mieux, "le saint" les a construit grâce à ses connaissances livresques du Saint Coran acquises de façon autodidacte. Alors, les petites mosquées sur les collines édifiées selon la position d’un homme en prière sont disposées sur les compartiments du corps humain. Une, dans chaque paume de la main, une sur chacune des deux épaules, une autre sur le cou et deux sur chaque pied.
Toutes ces mosquées sont en argile et au bois sans métaux. Ce qui pose le problème de sa résistance aux intempéries. A notre passage, une partie du toit de la grande mosquée avait "cédé". Pour pallier la faiblesse de l’argile, les habitants de Bani envisagent renforcer les matériaux de construction. A cet effet, les pierres taillées, autrement appelées "cailloux sauvages" viendront donner de la texture aux mosquées. Dans l’enceinte de la grande mosquée, des tas de cailloux attendent d’être exploités.
Lieu de pèlerinage
Des collines escarpées, émaillées de roches sont visibles pour le visiteur depuis le bitume. La montée de ces collines ne se fait pas sans difficultés. Non seulement, il faut être bon athlète, c’est-à-dire avoir du muscle dans les jambes mais aussi un bon souffle pour pouvoir parvenir au sommet. Les immenses roches qui jalonnent la ruelle tracée ne facilite pas l’ascension. L’on comprend pourquoi les mosquées en haut des collines connaissent un état de délabrement. Entre autres, des minarets dégradés, des trous et/ou nids de charognards ou de divers oiseaux infestent l’intérieur des mosquées. Sur les minarets, des pigeons gratifient de leurs becs, le lavement de leur plumage sous le vol avisé des charognards qui vont de minaret en minaret.
Nonobstant cette tâche de rousseur qui dénature la beauté de ce lieu touristique, les mosquées de Bani sont un lieu de pèlerinage. Les adeptes de Mohamed y vont implorer et adorer Dieu, jour et nuit, dans la grande mosquée. Les touristes y vont pour satisfaire leur curiosité. Ainsi, il y a peu, des Hollandais, des Français, des Américains foulaient en grand nombre, le sol de Bani pour toucher et voir ces mosquées dont on dit tant de bien mystique. Selon notre guide, Moussa Cissé, la construction effective des mosquées de Bani a débuté en 1979 par la grande.
Et périodiquement chaque deux ans, l’une des petites mosquées était construite sur le bloc de colline surplombant la grande mosquée. Symbole pour symbole, signe pour signe, les sept collines symbolisent les 7 jours de la semaine. Jadis, le pèlerinage se déroulait par mosquée de colline pour un jour de la semaine. La boucle se fermait par la grande mosquée. Aujourd’hui, cette pratique est rendue difficile à cause des désagréments causés aux mosquées par les caprices du temps. Les mosquées de Bani empruntent leur architecture sur inspiration des versets du Coran, selon le guide. La façade avant de la grande mosquée présente des figures rupestres symbolisant la position debout de la prière musulmane.
Le chapelet et l’ardoise des élèves des écoles coraniques appelé vulgairement "walaga" complètent le décor où croissant lunaire et objets de piété se côtoient. Quatre minarets sont au quatre coins de la cour de la grande mosquée. Sur chaque minaret, des multitudes de bâtons sont enfoncés. Les minarets sont émaillés d’ouvertures (au moins 8) par où le muezzin appelle les fidèles à la célébration des cinq prières quotidiennes. "Auparavant, le muezzin pouvait grimper à son perchoir par les bâtons fixés au minaret.
Mais aujourd’hui, à cause des risques d’effondrement et la vieillesse aidant, le muezzin emprunte les escaliers à l’intérieur du minaret", confie le guide Moussa. Tandis que le mendiant assis sous les deux minarets encadrant le portail d’entrée, nous regarde d’un air amusé et curieux, des enfants jouent avec le sable argileux à l’aide de leurs sébiles. Moussa lui ne tarit pas d’éloges devant la variété des symboles qui font des mosquées de Bani, un site touristique à découvrir ou à redécouvrir. A l’intérieur de la grande mosquée, il y a 100 piliers témoins des 100 noms d’Allah, le Tout-puissant, confie Cissé.
Longtemps considéré comme des mosquées mystiques venues de nulle part, les mosquées de Bani ont été érigées par des mains d’hommes. Les habitants de cette localité y ont contribué matériellement. Chaque citoyen ayant apporté sa pierre à la construction des joyaux sous la supervision bienveillante de son initiateur, El Hadj Mohamed. Selon le guide Moussa, l’idée de la réalisation des mosquées a été inspirée à son initiateur après 40 années passées en brousse. De cette retraite, El Hadj a été poussé par une force invisible à construire des maisons de prière à Dieu.
Et revenu de son périple "broussaire" qu’il avait entamé de par sa propre initiative, il se met à enseigner et à faire des révélations sur les choses cachées de la vie des citoyens de Bani. Ensuite, de bouche à oreille, des foules venues de diverses contrées du Burkina et d’Afrique afflueront chez cet homme considéré comme un prophète pour les uns. Pour les autres, comme un prédicateur hors pair. Et du pouvoir de décrypter les messages confus du Coran, El Hadj Mohamed élèvera les 7 mosquées de Bani, témoins de son adoration à Dieu.
Sauver les mosquées de Bani
La visite sur le site des "maisons d’adoration d’Allah" de Bani est gratuite. En tant que lieu de prière, le guide nous apprend qu’aucun sou n’est demandée au visiteur qui qu’il soit. Seule exigence, le respect des règles de sanctification de la mosquée, "Honorer et respecter le lieu saint de prière". Pour ce qui est des contributions pécuniaires, elles sont libres.
Chaque visiteur est libre de donner ce qu’il veut pour contribuer au rétablissement des mosquées. Au vu de l’état de délabrement de ces antiques mosquées, les responsables de la culture et du tourisme doivent agir. Il n’est pas aisé d’entretenir ces mosquées si les populations qui ont la ferme volonté de rendre agréable la visibilité de ces œuvres ne sont pas aidées et soutenues par des moyens conséquents.
40 personnes pour l’instant s’occupent des mosquées. Mais, pour acheter les matériaux devant servir à leur réfection, les contributions des touristes ne suffisent pas. Il faut bien plus pour toutes les "sept mosquées" surtout celles situées sur les collines et la grande mosquée dont le toit s’était écroulée lors de notre passage. Les mosquées de Bani ont besoin d’être remises en l’état. Sinon, l’on risquerait de voir l’un des sites touristiques du Burkina se dégrader sous l’effet de la nature. Les mosquées de Bani de par l’uniformité de leur architecture sont uniques. Les minarets sont soit cylindriques (petites mosquées) soit carrés (grande mosquée).
A l’intérieur, le sol a été battu et damé sans ciment mais le lieu est propice à l’adoration et à la prière. Si rien n’est fait pour embellir ces lieux de prière de cette localité, "les mauvais logeurs" des mosquées risquent de ravir la vedette aux fidèles musulmans. A Bani, les mosquées mythiques d’El Hadj Mohamed vivifient le mystique qui s’allie au spirituel. Et de cette liaison naît des lieux d’oraisons, de psalmodie et d’adoration d’Allah, le Tout-puissant.
Daouda Emile OUEDRAOGO
Sidwaya