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le neem une plante aux vertus légendaires

Pour se protéger des attaques d’insectes, de nombreux végétaux produisent des substances chimiques aux propriétés diverses : toxiques, régulatrices de la croissance des insectes ou encore anti-appétantes (appétant = nourrissant), ou phagodissuasif. Le Neem produit par ses fruits, ses feuilles, ses fleurs et son écorce plus d’une centaine de substances chimiques, dont l’une d’elles (l’azadirachtin) est l’un des bio-insecticide les plus performants.

En Inde, le neem ou margousier (Azadirichta indica) est presque considéré comme un arbre sacré tant ses vertus sont nombreuses et son nom indien veut dire "qui guérit toutes les maladies". On l’appelle aussi « la pharmacie du village » car tout est bon en lui : feuilles, fruits, écorce, graines, tourteaux, racines [1].

L’huile de neem est malheureusement encore interdite à la commercialisation pour des usages agricoles en France, non pour des questions de risques mais pour des raisons purement procédurières ! Heureusement, en Afrique et en Haïti, où le neem est largement développé, le produit peut être utilisé car il a vraiment des effets bénéfiques sur l’homme et sur les plantes, ce que nous démontrerons ici.

Le neem est largement utilisé en Inde, d’où il est originaire, et en Asie. Il est aussi bien exploité en Afrique de l’Ouest, particulièrement au Burkina-Faso, au Mali et au Sénégal. Le neem tree (appellation en anglais) est également bien valorisé au Kenya et dans le Sud Soudan. En Haïti et en République démocratique du Congo il est plus ignoré dans les pratiques culturales. C’est d’abord pour les paysans de ces pays que nous écrivons l’article. En le lisant, tous les paysans du Sud et du Nord apprendront de nouvelles utilisations et vertus de cette deuxième plante magique. En complément de mon billet je recommande d’aller sur le site http://www.neem.fr/fr/ très bien fait et dont je me suis inspiré en partie.

LA PLANTE

Le neem est une plante "magique" qui apporte des revenus aux paysans, enrichit les sols, permet une activité artisanale, est mellifère, peut nourrir les animaux, est utilisable en ébénisterie et donne du bon charbon de bois.
Famille et caractéristiques

Neem tree ou Neem ( nom commun anglais utilisé dans le monde entier) fait partie de la famille des MELIACEAE (comme l’acajou, le mahogany, le carapa). Son nom latin est Azadirachta indica. On trouvera en fin de billet les différents noms vernaculaires de la plante que nous avons pu identifier.

L’arbre peut atteindre 30 m et vivre 2 siècles, mais est en général plus petit (5 à 10 m). En Afrique de l’Ouest il est souvent planté dans les parcelles habitées ou sur les places de village pour profiter de l’ombre. Ses racines profondes en font un excellent brise-vent et sert à protéger les talus.

Le neem se contente d’une pluviométrie qui peut descendre à 150 mm annuels. C’est un arbre qui peut vivre entre 9,5 et 37°C. Le neem supporte la sécheresse et les fortes chaleurs - mais pas le gel - s’accommodant de tout type de sol. Il préfère cependant les sols sablonneux bien drainés. C’est un arbre à croissance rapide. En trois ans, il peut atteindre 6 mètres.

La fructification débute à l’âge de 4-5 ans et atteint le maximum de production vers 10 ans. La moyenne de la production du fruit est d’environ 20 kg/arbre/an et peut atteindre 50 kg/arbre/an.

Reproduction
La durée de germination des graines est très courte et il est nécessaire de les planter rapidement après la récolte. Aucun pré-traitement des semences n’est nécessaire, bien que dépulpage et nettoyage des graines améliore considérablement le taux de germination (World Agroforestry Center). Le neem peut également être multiplié par voie végétative par bouturage, marcottage aérien des racines et des pousses, greffage. (World Agroforestry Center).

Un arbre arrivé à maturité donne 4000 à 5000 graines par kg (World Agroforestry Center). La graine est composée d’une pulpe qui elle-même contient une amande entourée d’une coque. La pulpe des graines est un bon engrais et doit être épandue dans les champs ou ajoutée au compost.

Le neem est NON TOXIQUE pour les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les insectes pollinisateurs. Par contre ce n’est pas le cas du Melia azedarach dont les feuilles, entre autres, sont très toxiques. Le tableau suivant donne les différences entre les deux arbres qu’on retrouve au Congo RDC et en Angola notamment [2].

Les feuilles de Neem (azadirachta indica) peuvent être consommées en tisane. Les feuilles de Mélia (melia azedarach) NE DOIVENT PAS ETRE CONSOMMEES. Par contre, les feuilles du Mélia peuvent être utilisées en usage externe en pharmacopée ou comme pesticide et engrais dans l’agriculture. Elles sont même plus efficaces que celles du neem.

Constituants
Le neem contient de l’azadirachtine qui est un composé d’origine naturelle de la famille des limonoïdes. C’est un métabolite secondaire présent dans l’huile extraite des graines d’Azadirachta indica (aussi appelé margousier, ou neem), il est aussi présent dans toutes les parties de Melia azedarach [3]. Sans être un grand chimiste, on comprendra que c’est une substance complexe. De fait, elle n’a jamais été reproduite par la chimie de synthèse. Donc, pour avoir cette substance, c’est le neem, le mélia ou rien.

Le neem contient, en outre, acide oléique, acide stéarique, acide palmitique, acide linoléique, acide myristique, source d’azadirachtine végétale. Je n’entre pas dans ces affaires chimiques qui fatigueraient le lecteur et dépassent largement les compétences de l’auteur. Après tout, on ne connaît pas la composition chimique de ce que nous mangeons !

Disons quand-même que Les extraits de graines de neem renferment un mélange de plus de 168 composés, constitués d’un groupe de 7 substances proches incluant l’azadirachtine. Il s’agit de terpénoïdes (structures multi cycliques). L’azadirachtine A est considérée comme le principal composé à propriétés insecticides du neem, même s’il a été prouvé qu’il ne suffisait pas, à lui seul, à expliquer les remarquables propriétés du neem [4].

Au moins 12 modes d’action ont été répertoriés et les extraits de graines de neem peuvent agir comme répulsif (qui repousse), anti-appétant (contre les désirs des insectes par rapport à ce qui satisfait leurs penchants, leurs besoins naturels) ou phagodissuasif (décourageant la consommation alimentaire) ou encore comme régulateur de croissance pouvant affecter la ponte chez les femelles ainsi que la mue et la croissance des larves chez certains arthropodes, ovicide, larvicide, affaiblit les insectes et inhibe leur résistance [5].

Les scientifiques notent que la teneur en azadirachtine peut fortement varier suivant les régions et même à l’intérieur d’un même champ, ce qui influera sur les effets insecticides. Ceci justifie donc de faire des tests et de mesurer les dosages (feuilles poudre, graine) dans les premières utilisations.

Prédateurs
Plusieurs espèces de cochenilles infestent le neem. La plus fréquente est la cochenille jaune, Aonidiella orientalis (homoptère, diaspidée), qui s’attaque aux feuilles et aux jeunes tiges. Cet insecte, qui aurait été introduit sur les citronniers, a été observé pour la première fois sur le neem en 1972 en Afrique, au Cameroun, puis plus tard au Soudan. Vers le milieu des années 80, il s’est propagé du nord du Cameroun au Tchad et au nord-est du Nigéria. En cas d’infestations massives, le feuillage jaunit et l’arbre prend un aspect brûlé. Une telle infestation a été signalée en 1987 dans le bassin du lac Tchad et serait liée à un stress dû à la baisse du niveau hydrostatique dans le bassin après une période de sécheresse prolongée. Les dégâts causés par cet insecte restent préoccupants aux alentours du lac Tchad. Source : http://www.fao.org/docrep/u8520f/u8520f09.htm. Il est possible que l’information soit ancienne mais nous avons souligné que cet arbre, insecticide parfait, peut lui aussi être attaqué !

LES UTILISATIONS

Avec le neem, on peut obtenir du purin de neem, de l’huile, de la poudre, des tourteaux. Tous ces produits servent d’insecticide. Outre cette fonction, l’huile, les feuilles, l’écorce ont des vertus médicinales prouvées. Les branches servent pour l’hygiène dentaire tandis que le tronc donne du bois de chauffage, du charbon de bois mais peut aussi être utilisé en ébénisterie.

Nous aborderons l’utilisation du neem dans l’agriculture. Puis nous traiterons des vertus médicinales de l’ensemble des parties du neem. Enfin, nous terminerons par les autres usages du neem.
Utilisation des parties du neem dans l’agriculture
En agriculture, le neem est un puissant insecticide grâce à la présence d’azadirachtine mais pas exclusivement. L’effet de la molécule d’azadirachtine sur les insectes se résume en trois points essentiels :
 Elle bloque la sécrétion hormonale et arrête le développement morphogénétique de l’insecte.
 Elle agit par le biais de la respiration sur pratiquement tous les tissus de l’insecte (tissus musculaires, nerveux, glandulaires) et en conséquence, l’insecte perd la coordination de ses mouvements et le contrôle de son corps.
 Elle agit comme un agent anorexique : l’insecte ne mange plus et meurt [7]

Outre celles que je donne ici, on trouvera d’autres façons d’utiliser le neem dans le document suivant : http://unprojetpourreo.free.fr/images/Sur%20le%20Web%201/NEEM.pdf

L’utilisation des feuilles
C’est l’utilisation la plus simple mais pas nécessairement la plus efficace. A Fissel (région de Thiès, SENEGAL), des paysans faisaient macérer les branches dans un bassin pendant quelques jours puis utilisaient l’eau de trempage pour arroser leurs légumes. Peut-être ont-ils, depuis cette période, amélioré la méthode. Il en est une meilleure que nous développons, pratiquée au Mali mais venue de générations de maraîchers bio qui fabriquent leur purin de plante.

La recette donnée par le site de l’association Sahel People Service [8] est la suivante  :

1. Pour faire 5 l de solution, prenez 1kg de feuilles de neem (il faut environ 80 kg de feuilles pour traiter un ha). Une solution plus concentrée (350 g de feuilles par litre d’eau) serait efficace contre les thrips, le foreur des tiges (haricot) et contre la noctuelle de la tomate.
2. Broyer ou piler les feuilles avant de les mettre dans l’eau. Laissez macérer une nuit.
3. Enlever les feuilles et filtrer le mélange avec un tissu fin. Diluer à 10 % soit 1 l d’extrait pour 10 l d’eau.
4. Rajouter du savon liquide à raison de 100 ml pour 10 l de solution. Le produit est alors prêt à être pulvérisé sur les plantes malades ou infectées.

Dans plusieurs pays, les feuilles de neem sont également utilisées, une fois séchées, pour protéger les grains et les céréales stockées en sacs. Le procédé est très efficace.

Il faut enfin savoir qu’elles peuvent enrichir le sol si elles sont mises en paillage entre les plantes.
L’utilisation des graines
Regardons ce jardinier québécois expliquer son utilisation du neem dans la plantation des tomates. Il enseigne que l’engrais de neem est rétenteur d’eau (qui garde l’eau) et nématicide (qui tue les nématodes, nom d’une classe de vers ronds, non segmentés, pouvant être libres ou parasites des animaux et des végétaux, et se montrer d’importants ravageurs).

Ramassage et stockage des graines
1. Cueillir ou ramasser des fruits mûrs (de couleur jaune) et enlever la pulpe. Ne pas jeter la pulpe : c’est un bon engrais. On peut aussi ramasser les graines par terre sous les arbres, là où les animaux les laissent après avoir mangé le fruit. Éliminer les graines moisies.
Précision donnée par un autre site [9] : Lors de la récolte, placer une toile sous l’arbre pour que les fruits ne soient pas en contact avec le sol et éviter ainsi la contamination par des moisissures susceptibles d’entraîner ultérieurement la production d’aflatoxines. Il faut cueillir des fruits parfaitement mûrs (jaunes) car leur teneur en azadirachtine est plus forte. Les graines doivent être bien séchées afin d’éviter la formation d’aflatoxines (en cas de moisissure). Celles-ci entravent l’action de l’azadirachtine sur les ravageurs. Très toxiques pour l’homme les aflatoxines peuvent constituer un danger pour sa santé. Il faut donc éviter tout risque de formation d’aflatoxines.

2. Les graines récupérées sont mises à sécher en couches minces dans un endroit sec et sur un support (par exemple une natte). Le produit actif de ces graines est sensible à la lumière du soleil, il est donc préférable de faire le séchage à l’ombre et l’endroit doit alors être bien aéré afin d’éviter les moisissures et autres champignons. Les graines sont ensuite stockées dans un endroit sec et aéré. Les récipients utilisés doivent laisser passer l’air (éviter les récipients en plastique).

Le meilleur procédé pour stocker et conserver les graines le plus longtemps possible
(jusqu‟à 1 an), est de ne pas les décortiquer et de les faire sécher en les étalant au
soleil sur une surface dure pendant quelques jours. La couche de graines doit être
aussi mince que possible, comme pour le séchage des légumineuses fourragères et
à graines, des cerises de café et fèves de cacao. Comme les amandes non séchées
ont tendance à moisir, il est conseillé d‟effectuer le séchage avec infiniment de soin [10].

Préparation de la solution
1. Mettre à chaque fois 2 poignées de graines dans un mortier réservé à ce travail (les graines de neem ont une odeur forte (prenez un vieux mortier). Piler doucement pour enlever seulement la coque et ne pas casser l’amande. Ensuite on peut faire le vannage pour séparer les coques des amandes. Enlever les amandes moisies.
2. Piler doucement les amandes dans un mortier de façon à ne pas extraire l’huile. Bien mélanger la poudre dans l’eau à raison de 3 doubles poignées ou 500 g dans 10 l d’eau. Pour une solution plus concentrée, on peut aller jusqu’à 1,5 kg de poudre. Laisser reposer une nuit.
3. Le jour suivant, filtrer le mélange avec un tissu fin ou plusieurs épaisseurs de tissu grossier. Diluer à 5 % (½ litre d’extrait pour 10 l d’eau) et ajouter du savon liquide à un dosage de 1% (soit 100 ml pour 10 l de solution). Bien mélanger. La solution est prête à être vaporisée sur les cultures.

Une fois que le mélange est prêt, il est important de l’appliquer tout de suite. Sinon cette solution n’éliminera plus les insectes avec autant d’efficacité.

La poudre de neem
Les mêmes précautions que précédemment doivent être prises dans le ramassage des graines.

Etape 2 : Décorticage des graines
Mettre à chaque fois, 2 poignées dans un mortier réservé à ce travail (les graines de neem ont une odeur forte ; prendre un vieux mortier). Piler doucement pour enlever seulement la coque et ne pas casser l’amande. Ensuite, on peut faire le vannage pour séparer les amandes des coques. Trier les amandes : il faut surtout enlever celles qui montrent des traces de moisissures, car elles contiennent des produits qui sont du poison pour les êtres humains et pour les animaux domestiques.
Etape 3 : Broyage des amandes
Pilez les amandes dans un mortier. On obtient ainsi la poudre de neem.
Comment l’utiliser :
Pour la protection des cultures, la poudre de neem est efficace contre un nombre important de nuisibles. Cependant, il faut souligner que le neem ne tue pas comme la plupart des pesticides chimiques. Son effet consiste plutôt à empêcher les ravageurs de manger la plante, à stopper leur croissance ou leur reproduction.

Les cultures maraîchères.

La poudre peut être utilisée pour protéger des légumes contre les chenilles ou les insectes. Pour cela, bien mélanger la poudre (3 doubles poignées ou 500 g) à 10 litres d’eau savonneuse (le savon permet de mieux fixer sur les plantes les produits actifs). Laisser reposer au moins une nuit. Ensuite, le traitement se fait soit à l’aide d’un pulvérisateur (le mélange doit alors être tamisé à l’aide d’un tissu fin), soit avec un balai. Il faut que toutes les parties à l’air des plantes soient touchées sur leurs côtés inférieurs et supérieurs. Faire le traitement le soir après l’arrosage, car l’efficacité diminue avec le soleil. De manière générale, 2 applications par semaine sont conseillées dans les zones fortement infestées. Autrement, on peut se contenter de traiter à des intervalles de 7 à 10 jours. La bouillie de neem est très amère. Il est donc préférable d’arrêter le traitement 3 ou 4 jours avant la récolte. Sinon, il suffit de laver à l’eau les produits à consommer.
La solution concentrée peut être utilisée pour imprégner les moustiquaires en ayant soin de renouveler régulièrement l’imprégnation surtout si elles sont exposées au soleil . C’est écologique , économique et sans danger [11].
L’huile de

neem

Selon le site Neem.fr l’huile de neem apporte de l’azote, du souffre et des oligo-éléments aux végétaux, améliore l’état sanitaire des plantes et stimule leurs défenses naturelles. Il existe plusieurs méthodes d’extraction de l’huile : le procédé à chaud donnera de plus grande quantité d’huile mais avec, en final, une baisse considérable de l’azadirachtine. L’autre méthode dite de première pression à froid permet d’atteindre un taux d’insecticide (Azadirachtine) supérieur à 1600 ppm (parts par millions) alors qu’il n’est que de 300 ppm dans le procédé à chaud.

Nous expliquons la seconde méthode, dans son processus artisanal qui peut être mis en oeuvre simplement par les paysans.

30 kg de fruits (soit la production moyenne d’un arbre âgé de 10 ans) fournissent 13,60 kg d’amandes, qui pourront fournir 3,75 litres d’huile par un procédé de pressage artisanal. Avec 1 seul litre d’huile, on obtient environ 50 litres de produit à pulvériser.

En maraîchage on utilisera, pour un traitement préventif, une solution incorporant 0.5% d’huile de neem dans de l’eau. En curatif, la solution incorporera 2 à 3% d’huile de neem dans de l’eau.
Une autre méthode consiste à ajouter 30 à 40 ml d’huile de neem à 1 l d’eau, bien mélanger, puis ajouter un émulsifiant, par exemple 1 ml de savon liquide par litre. Il est essentiel d’ajouter le savon et de bien mélanger. L’émulsifiant doit être utilisé immédiatement pour éviter que les gouttelettes d’huile ne remontent à la surface. Il faut environ 500 l de cette préparation pour un hectare.

Au Bénin, l’huile de graines de neem est utilisée dans la protection du stockage des légumineuses à graines et des céréales, à la dose de 2 à 3 ml par kg. Pour un sac de 50 kg de niébé, il faut 150 ml d’huile. L’huile de neem a un goût amer et par conséquent n’est utilisée que pour la conservation des semences [12].

On trouvera sur le site neem.fr les effets de l’huile de neem sur les attaques classiques d’un grand nombre de plantes maraîchères. La vidéo suivante montre un producteur bio de Martinique, si content des résultats de l’huile de neem sur ses pieds de poivrons !

Il a les mêmes résultats et est tout aussi content sur les effets de l’huile de neem sur les tomates cerises !

Le NUTRAZA dont il est question ici est un engrais constitué de pellets de neem enrichis de bagasse et autres matières organiques distribué par une société indienne (http://www.natureneem.fr/index_files/nutraza.htm)
Utilisation du neem comme plante médicinale
Les effets du neem sont connus sur un grand nombre de maladies avec de nombreuses preuves scientifiques et médicales. On se souviendra que l’utilisation des plantes tropicales pour des soins ne fait pas l’affaire des laboratoires pharmaceutiques d’où la chape de plomb qui pèse sur l’information relative aux effets du neem et bien d’autres plantes. Au delà des preuves scientifiques selon l’entendement occidental, l’utilisation de la plante depuis des millénaires en Chine et dans les autres pays asiatiques est une raison suffisante pour faire confiance à la plante. Le neem est considéré par la médecine ayurvédique comme l’une des plantes majeures de sa pharmacopée.

Le neem est d’abord connu pour son efficacité sur toutes les agressions de la peau, quelle que soit leur origine. Nous donnons ci-dessous des recettes publiées par l’association ANAMED dans différents documents [13].

Pour soigner les problèmes de peau comme l’acné, les mycoses, le psoriasis, la gale ou l’eczéma, faire une pommade avec 10 g d’huile de neem et 100 g de pommade ou faire une teinture en utilisant 20 g de feuilles séchées et 100 g d’alcool à 70° et laisser reposer pendant une semaine. Appliquer cette pommade ou mélanger une cuiller à café de la teinture avec une cuiller à café d’huile végétale et frotter ce mélange sur les endroits affectés. Les verrues se traitent en appliquant directement de l’huile de neem sur la verrue. Les furoncles encore clos seront soignés avec un cataplasme de feuilles. Si le furoncle est ouvert, faire bouillir les feuilles pendant 10 minutes avant application sur le furoncle.

Le neem est aussi efficace contre la malaria (paludisme) mais l’est moins qu’une autre plante l’artemisia annua que nous traiterons dans un autre billet du blog. Verser un litre d’eau bouillante sur 40 feuilles fraîches ou 5 g de feuilles sèches et boire cette infusion toute la journée. ATTENTION NE PAS DONNER CETTE TISANE A LA FEMME ENCEINTE !

Le neem est capable de supprimer les poux capillaires (dans les cheveux). Pour se débarrasser des poux, il faut laver soigneusement les cheveux chaque jour avec l’une des solutions suivantes : plonger 10 g de feuilles sèches dans 100 ml d’alcool (à 45°, par exemple gin ou vodka). Au bout de seulement 7 jours, filtrer et utiliser comme lotion capillaire à appliquer trois fois par jours pendant 5 jours. On peut aussi frotter quelques gouttes d’huile de neem dans le cuir chevelu trois fois par jour pendant ( jours. On peut encore piler quelques amandes de neem jusqu’à produire une pâte. Chaque soir, après lavage de la tête étaler l’équivalent d’une cuiller à café dan le cuir chevelu jusqu’à la soirée suivante.

Pour soigner les brûlures infectées, faire bouillir une poignée de feuilles fraîches dans un litre d’eau pendant 20 minutes, filtrer quand le liquide est encore chaud pour éviter la contamination. Préparer la tisane trois fois par jour et l’appliquer de suite sur le malade. Il est recommandé de garder le malade sous la moustiquaire.

La décoction d’écorce serait efficace contre le diabète, l’arthrite et l’obésité. La feuille de neem, considérée comme une épice, est un produit naturel réputé pour son puissant effet hypoglycémiant utile chez les diabétiques de type I et II.

Le neem calmerait les maux de dents, la diarrhée et la dysenterie. D’aucuns affirment que le neem serait aussi efficace contre de graves maladies mais ceci dépasse notre compétence [14]

Composition

Les acides gras mono insaturés, acide oléique, entrent pour 50% dans sa composition.

Acides gras

Acide palmitique
C16 :0
18,1 %
Acide palmitoléique
C16 :1
0,2 %
Acide stéarique
C18 :0
14,2 %
Acide oléique
C18 :1
50,4 %
Acide linoléique
C18 :2 w6
13,3 %
Acide linolénique
C 18 :3 w3
0,5 %
Acide arachidonique
C20 :0
1,4 %

Autres utilisations du neem
L’huile de neem est utilisée comme cosmétique à cause de ses propriétés hydratantes et régénératrices. Elle est utilisée sous forme de savon ou de shampoings pour éliminer les parasites et les insectes (poux, acariens, tiques) et éliminer les pellicules [15]. L’huile de Neem est incorporée en huile ou saponifiée et peut être utilisée dans les produits suivants : crèmes pour les mains et le visage, huiles corporelles et de massage, protection solaire et produits après soleil, baume pour les lèvres, shampoing, huile contre les insectes, fabrication de savons [16]...

Le bois est apprécié en ébénisterie ou en bois de construction car il résiste aux termites. Il produit un bon charbon de bois.

En Afrique de l’Ouest les tiges de neem sont utilisées pour nettoyer les dents et éviter les caries.

Quelques gouttes d’huile de neem peuvent être mises dans la lampe à pétrole pour éloigner les moustiques qui apportent la malaria (anophèles).

Au Brésil, le neem est largement utilisé en médecine traditionnelle vétérinaire contre les tiques, poux, puces, mouches de la corne, mouches des étables, (porcheries, gale, acariens, scarabée des fermes triatome etc.). L’huile de neem est vaporisée [17].

En France, les boutiques bio vendent des bombes aérosols à base d’huile de neem pour tuer les mites dans le linge et lutter contre les acariens dans les maisons.

LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS DU NEEM

Ce chapitre intéresse à la fois les jardiniers du Nord qui souhaiteraient se procurer des produits à base de neem alors que le neem pousse peu en France (On en trouve cependant dans le Sud de la France !). Mais il peut aussi concerner les producteurs du Sud qui souhaiteraient exporter de l’huile ou des tourteaux de neem.
Pour les maraîchers du Nord
La commercialisation du neem pour usages agricoles est encore interdite en France alors qu’elle est autorisée dans la cosmétique. Ceci fait partie des aberrations de politiques gouvernementales qui disent vouloir promouvoir le bio tout en n’autorisant pas pendant longtemps (l’interdiction est levée !) la commercialisation de produits comme le purin d’orties (plante disponible en Europe) ou l’huile et les autres produits du neem. Toutefois, des entreprises situées en France proposent de l’huile de neem à la vente... en provenance d’Inde et cela en toute légalité ! En clair l’huile de neem est interdite à la vente dans les boutiques mais peut être vendue par des entreprises installées en France par Internet avec livraison directe du produit chez le client !

Donc, les maraîchers de France peuvent s’approvisionner en huile de neem ! CQFD : Ce Qu’il Fallait Démontrer ! La situation française semble être une exception aberrante : au Canada et dans de nombreux pays d’Europe, l’huile de neem à usage agricole est autorisée !

Nous livrons ci-dessous les noms et les produits de quelques entreprises auprès desquelles il est possible de s’approvisionner. Cette liste est indicative et nous n’avons pas d’intérêt dans les sociétés présentées !!!

Nous nous intéressons ici aux seuls produits utilisables en maraîchage ou en agriculture : l’huile de neem, les pellets de neem, le tourteau de neem. Concernant l’huile de neem, nous recommandons de choisir une huile de première pression à froid et de vérifier la proportion d’azadirachtine contenue dans l’huile (ne pas descendre en-dessous de 2000 ppm).

Quelques entreprises qui commercialisent le neem en France :

1. Magellan, http://www.magellan-bio.fr/ Vends tourteaux (12,90 euros les 5 kg). Description : 4N 1P 1,7K (4% d’azote, 1% de phosphore, 1,7% de potasse). Riche en matière organique (80%) et en azote à libération lente. Mélangé au sol, cet engrais a une action nématicide et un effet bénéfique sur la fertilité du sol et la bonne santé des végétaux. L’action du tourteau de neem étant progressive et durable, il est nécessaire de l’appliquer au moins 15 jours avant les semis ou repiquages, et de ne jamais l’appliquer après un repiquage. Utilisation sur toutes les cultures maraîchères. Dosage : 10 Kg/ 100 m², au printemps ou en septembre-octobre. L’incorporer par un léger griffage.

2. Nature Neem, info@natureneem.com, tel : 0033950833121, Ventes de produits pour plantes, animaux, cosmétique, http://www.natureneem.fr/index_fichiers/eboutique.htm

Vend de l’huile de neem à environ 30 euros le litre, en contenant de 750 ml à 200 litres. Contient 3200 ppm de teneur en azadirachtine.

3. Neempourtous, Chemin de gaupeyroux, 34230 TRESSAN, France, Tél. : 09 72 27 67 78, E-mail : contact@neempourtous.fr
http://neempourtous.fr/index.php?id_product=3&controller=product#
Produits : huile de neem ( Azadirachtine : 0,21% soit 2100 ppm) à 32,90 euros le litre, pellets de neem, 4,20 euros le kilo. Stocks apparemment très limités.

Pour les producteurs du Sud
La tentation peut être grande, pour les producteurs des pays du Sud, de souhaiter vendre du neem sous différentes formes sur le marché occidental. Malheureusement, ce marché est déjà bien pris par l’Inde qui approvisionne la plupart des entreprises mentionnées ci-dessus.

Il n’y aura possibilité de commercialisation que si des quantités conséquentes sont régulièrement produites avec une régularité de qualité, notamment en quantité. Une telle production de qualité ne peut être obtenue, pour commercialiser internationalement qu’avec des équipement conséquents qui dépassent le pilon familial. De même, le traitement des graines (ramassage et séchage) doit être très rigoureux afin d’écarter tous risques de présence d’aflatoxine. Enfin les emballages proposés doivent correspondre aux pratiques usuelles dans les pays européens.

Nous avons identifié sur Internet deux entreprises africaines, au Sénégal et au Mali, qui commercialisent l’huile de neem :

Au Sénégal : Neemland,
Ibrahima SARR, sarr.ibrahima@gmail.com, neemland.ecosystem@gmail.com, 00221 77 657 73 28, 00 221 76 562 00 02
Samba Sally KA, bathieka@neemland.es, 00221 77 112 23 54. Cette entreprise commercialiserait en Espagne.

Au Mali : NEMALAND, Téléphone : +223 69 29 14 40, Téléphone Mobile : +223 79 18 89 33, Email : nemaneem@gmail.com/ chehatr@yahoo.fr.

A supposer que ces entreprises soient encore en activité, il est recommandé aux producteurs de prendre contact avec elles pour écouler leurs récoltes de feuilles et de graines en grande quantité. Une production importante d’huile de neem existe aussi en Haïti et au Burkina-Faso mais nous n’avons pas trouvé les adresses des entreprises. Nos lecteurs pourront nous aider à compléter l’information.

Objectivement, nous recommandons aux organisations de producteurs d’Afrique et de Haïti qui disposent de grandes quantités de neem de se préparer à créer, à titre de futurs centres de profits, pour demain, des unités de production d’huile de neem. Elles seront nécessairement le résultat d’un long processus au cours duquel il faudra travailler sur les méthodes de collecte des graines, sur les équipements de pressage, sur les tests des produits obtenus. Mais un immense marché va s’ouvrir, sur le plan international car, en agriculture biologique il n’y a pas d’alternatives efficaces comme pesticides naturels. Or, de plus en plus, et au fur et à mesure que seront découverts les dégâts causés sur l’homme et les sols par les pesticides chimiques, l’humanité réclamera une nourriture saine, donc produite de manière biologique. Ce n’est pas un hasard si le Sénégal considère la transformation des composantes du neem comme un secteur porteur [18] http://www.dasp-senegal.com/creneauxporteurs/cp/Secondaire%201/Production%20Artisanale%20d’Huile%20de%20%20NEEM%20.pdf.

En parallèle à cette préparation des investissements futurs, les organisations de producteurs auraient intérêt à susciter chez leurs membres une plus grande utilisation du neem comme fertilisant et comme pesticide. L’étude de ce produit pour écrire ce billet me conduit à croire que le neem est trop peu utilisé par les producteurs. La production de purin de neem, d’huile ou de poudre artisanales de neem devrait devenir systématique dans les zones riches en neem. Une même stratégie devrait être mise en oeuvre en Afrique centrale avec le mélia, en respectant toutes les précautions que nous avons évoquées précédemment.

btaillefer.blogspot.com


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