Accueil > Actualités > A la une > L’Union Européenne s’est retirée du FESPACO
L’Union Européenne s’est retirée du FESPACO
L’un des plus grands financiers, sinon le plus grand du FESPACO en occurrence l’Union Européenne s’est retirée cette année du FESPACO. Il versait au tout moins de 200 millions de francs CFA à chaque biennale.
Lors de l’audience que le Ministre Tahirou Barry a accordée à Frédéric Jacquemin, DG d’AFRICALIA, à la sortie de la rencontre, il a farouchement dénoncé ce volte-face de l’Union Européenne par rapport au FESPACO, qu’il a même qualifié d’hypocrite.
Le Burkina Faso est le pays qu’Africalia soutient le plus en Afrique. De nombreuses structures culturelles à savoir le CARTEL dans le domaine du Théâtre, le CNA (Cinéma Numérique Ambulant) dont le siège se trouve au Burkina Faso, la Maison de la Parole à travers des projets de conte, la Plateforme culturelle du Burkina Faso qui est un regroupement de beaucoup d’opérateurs de la musique et des festivals sont soutenues par cette structure belge. A ces structures s’ajoute l’institut supérieur de l’Image et du son (ISIS) grâce à l’octroi des bourses d’études à des étudiants. Il était donc indéniable que son directeur général Frédéric Jacquemin, de passage au pays des Hommes Intègres fasse connaissance du nouveau ministre en charge de la Culture des Arts et du Tourisme Tahirou Barry.
Les coopérations culturelles d’Africalia au Burkina s’articulent sur 5 grands axes. La gouvernance culturelle, le rôle de la culture en tant que vecteur de développement durable, la formation technique, managériale, juridique et journalistique, la décentralisation culturelle et enfin les opérations spéciales qui concerne notamment le partenariat à chaque fois renouvelé avec le FESPACO qui, selon Frédéric Jacquemin, est le grand carrefour de la création cinématographique et numérique. Africalia est au rendez-vous du FESPACO depuis plus d’une décennie et selon son premier responsable, il n’est pas prêt à rompre le partenariat, bien au contraire.
En prenant la parole à la suite de la présentation du belge, Tahirou Barry a réaffirmé la collaboration de son département : « 15 ans de collaboration et d’échanges ce n’est pas 15 jours. Malgré ce temps, on sent toujours cet enthousiasme qui nous anime. Nous tenons à vous dire grand merci et réaffirmer notre disponibilité ainsi que notre volonté à continuer ce travail. Faire en sorte que la culture soit un facteur de développement et saluons profondément votre concours et votre opiniâtreté dans l’atteinte de cet objectif là. Mes services techniques resteront en contact permanent avec vous pour voir ce qui est utile à mener comme action ».
Rappelons qu’à chaque édition AFRICALIA accompagne le FESPACO tant en Europe qu’au Burkina. Même pour l’organisation de la conférence de presse du FESPACO en Europe, c’est AFRICALIA qui l’organise en prenant tout en charge. Cette structure a cette particularité, qu’elle met surtout l’accent sur la professionnalisation des acteurs culturels privés. Elle fait partie d’ailleurs des rares dans le milieu francophone qui s’est perfectionné dans ce domaine. Le directeur d’Africalia a suggéré au Ministre d’entreprendre une approche conséquente au niveau de la commission des pays de l’ACP pour positionner surtout le dossier du FESPACO. Car il pourrait certainement y avoir des retombés consistants et bénéfiques pour l’organisation de la biennale. Surtout au moment où l’Union Européenne a renoncé.
Le désistement de l’Union Européenne au FESPACO provoquera des pertes financières substantielles. C’est une perte immense de 200 millions de FCFA, pour un budget du FESPACO cette année estimé à 1 milliard 200 millions FCFA !
Le DG d’Africalia, s’est par la suite exprimé sur ce sujet. Voici en substance ces propos :
« Je trouve que c’est une erreur stratégique majeure ! C’est l’un des secteurs les plus florissant d’Afrique et promoteur en termes de développement économique durable et je trouve ça hypocrite de la part de la commission de l’Union Européenne de dégager des milliards d’Euro pour favoriser des entreprises culturelles et créatives du Nord en pensant, à juste titre que ce sont des vecteurs durables de développement et ne pas faire la même démarche par rapport aux pays partenaires de développement. Je ne comprends pas ce double langage et je trouve regrettable que, peut-être pour des raisons techniques la commission Européenne politiquement n’envoie pas un signal fort au Burkina mais aussi à tous les créateurs africains en continuant et en renforçant le soutien qu’elle devrait apporter au FESPACO. Ce n’est pas que le FESPACO, c’est aussi tous ces marchés culturels et créatifs qui existent en Afrique. De Dakar à Mogadiscio en passant par Abidjan, Douala, ce sont des plateformes de créativité, d’échanges et de marchés importants. Ce n’est pas que de la culture pour la culture mais ça créé des centaines de milliers d’emplois sur le continent. L’union Européenne fait une erreur majeure ! »
Jabb’Art !