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Le site des Ruines de Loropéni est un Bien Commun qu’il faut sauver !
Le site des Ruines de Loropéni est situé à environ 4 km de la ville de Loropéni, à 700 m au Nord de la route de Banfora. La muraille fait environ 6m de hauteur et possède une épaisseur de 1,40m environ à la base, mais se rétrécit vers le sommet peu atteindre plus de 25 à 30 cm.
Sa forme est principalement carrée soit 11 120m2). Contrairement à ce qu’on avance, les Ruines de Loropéni sont encore présentent à 80% certaines zones affichant des parties écroulées, plus ou moins importantes, servent actuellement de points d’accès. Le site en lui est divisé par secteur. Jusqu’à nos jours, personne ne pourrait vous donner exactement la date de la construction de ces ruines. Les experts spéculent qu’ils ont construits entre le 4è et le 11 siècle. Tout comme les maîtres d’œuvres ne sont pas connus.
Ça fait un mois (9 mai 2016) que les chercheurs sont présents sur le site des ruines de Loropeni. Ils avaient fait les tranchées principales il y a un an et ils sont revenus élargir ou étendre pour mieux comprendre et découvrir les vestiges. Ils travaillent avec 10 étudiants, 4 français, 5 burkinabé et 1 ivoirien. Ils font les relevés et travaillent d’arrache-pied dans la fouille. Le site est subdivisé par secteur. Ils creusent jusqu’à 70 cm de profondeur pour découvrir des structures archéologiques tels que des murs une sorte de petits bâtiments. Des faucilles, des pots, des objets en fer, des morceaux de céramique, du charbon qui les ont permis de procéder à des datations.
Mais comment est né ce projet ?
Le site a été classé patrimoine mondial le 26 juin 2009. Il y a un article de la convention qui dit qu’un site du patrimoine mondial doit être un lieu de recherche. Depuis 2008 donc, il n’y avait plus de moyens tant financier que matériel pour continuer les recherches. C’est ainsi qu’en 2010, un archéologue français Dr Rodrigue Guillon et le Lassina Simporé avaient postulé pour un financement pour poursuivre les recherches. Ils ont obtenu 11000 Euros sur 4 ans (financer par MAEDI, université de Ouagadougou, ministère de la culture des arts et du tourisme). C’est le mois de mai qu’ils ont choisi pour faire ce job fastidieux. Le programme prendra fin en 2019 par un grand colloque international autour des ruines de Loropéni. Ils présenteront les résultats de leurs travaux. C’est 10 étudiants, 4 français, 5 burkinabè et 1 ivoirien qui bossent de façon passionnelle sur ce projet. Des publications scientifiques seront disponibles d’ici 2019. Des expositions avec les résultats des données qu’ils auront à leur portée seront organisées régulièrement. Une mise en valeur du site par des constructions des zones de loisirs de sport, d’hébergement et de cogitation est prévu dans un plan d’ensemble. S
elon le Docteur Lassané Simporé, des études approfondies ont abouti à un Budget d’environ 1 milliard de FCFA pour la réalisation de ce joyau.
En visitant le site, le Ministre Tahirou Barry accompagné du Gouverneur de la région du Sud-Ouest s’est longuement appesanti sur l’état de délabrement des bâtiments d’accueil. C’est avec une crispation voir palpable qu’il a suivi les doléances et difficultés que subissent les chercheurs dans l’exercice de leur fonction à Loropéni.
« J’ai constaté avec amertume l’état des bâtiments du centre d’accueil prévu pour accroître l’attractivité du site, j’avoue que j’ai été choqué ! Choqué de voir l’état délabré de certaines installations notamment celui du magasin qui, bien que n’ayant même pas été réceptionné, est dans un état de délabrement inacceptable, pour ne pas dire de ruine ! Toutes les responsabilités doivent être situées afin que ces infrastructures qui ont coûté de l’argent à l’Etat soient restituées à l’état comme il se doit. Nous allons veiller strictement à cela » affirme le Ministre.
A propos des doléances des chercheurs et la modernisation du site pour l’accueil, Tahirou Barry renchérit : « Nous allons rechercher les moyens partout où ils se trouveront. Le gouvernement également va affecter une partie de son budget à la recherche ; Car il y a un potentiel énorme de choses à découvrir sur ce site et qui vont contribuer énormément à la valorisation de ce patrimoine. L’Etat ne va pas se dérober en la matière ».
Certes, il serait utopique d’allouer sur le champ une coquette somme d’1 milliard pour la viabilisation de ce site. Mais le responsable des Ruines de Loropéni en la personne du Docteur Lassina Simporé, a fixé une priorité et non des moindres :
Construire un musée où l’on pourra exposer toutes recherches opérées sur le site. Par exemple une sorte de i-exposition qui permettra aux visiteurs, touristes, étudiants, journalistes, chercheurs de consulter l’ensemble des ruines et de les rendre en forme virtuelle pour une éventuelle reconstitution.
Dans un passé récent, le gouvernement de Blaise Compaoré par l’intermédiaire de son Premier Ministre Tertus Zongo avait fait beaucoup de promesses. Les autres qui lui avaient succédé en avaient fait autant. Ils avaient même procédé à la pose de la première pierre d’un forage. Au jour d’aujourd’hui aucun point d’eau n’est disponible sur le site. La construction des bâtiments d’accueil avait été confiée à une entreprise de la place qui a en toute impunité bâclé le travail. Entrant en possession de son argent et la réception en elle-même des locaux, n’a pas encore été faite.
Pour le Gouverneur de la région du Sud-Ouest, Ambroise Stanislas Amadou Diarra « Nous allons essayer de remonter avec les services compétents, afin d’abord de savoir, quels sont ceux qui se sont chargés de la construction de cette infrastructure et situer les responsabilités. En tout cas le premier responsable prendra ses responsabilités ! Notamment en reconstruisant complètement ce magasin et les autres parties qui sont défaillant car une réception officielle n’a pas encore été faite jusqu’à ce jour. Il n’ya pas de forage, mais à ce niveau on peut compter sur l’appui de la région car il y a souvent des forages qu’on octroie aux différentes populations. On verra dans la mesure du possible comment orienter un forage vers ce site ».
En procédant à la visite guidée des Ruines de Loropéni qui nous a conduits vers les chercheurs en pleine fouille archéologique, le Docteur Lassina Simporé ne cessait à aucun cas de nous conter avec passion, le travail qu’il mène dans ce site. En ce qui concerne la construction de ces Ruines, Les ancêtres n’ont pas fait de fondation pour élever ces murs hauts de 6 m. Ils reposent sur de la latérite. Du sol simple et ce depuis presque le 10 siècle !
L’intervention du Docteur sur l’avenir de l’homme noir repose sur ces propos : « Certains disent que le noir n’a rien apporté à l’humanité. Et si on a un site de ce genre, on participe à ce débat là. Des gens qui n’avaient pas de grues, et qui connaissaient déjà le sinus et cosinus ont pu construire ça et plus de 1000 après, c’est toujours en place. Comment ils ont mélangé l’argile ? Quel type d’argile ? Comment ils ont taillé la pierre ? Quelle organisation était en place pour permettre la construction de ce truc ? Ce sont des questions qu’il faudrait se poser après. Comment les gens mangeaient ? Y avait-il un bourreau qui fouettait les gens à travailler ? Autant de questions… Donc nous avons des éléments en place qui nous permettra de participer au débat de l’humanité. Par rapport à ses Ruines, on a des textes qui disent que ; Tel que c’est construit là, c’est inimaginable pour le génie noir ! Ça doit être fait par des portugais, des phéniciens.
Ce sont des études qu’il faut mener pour savoir si au 11 siècle il y avait des phéniciens ou portugais au Burkina ? Nous sommes à plus de 1000 km de la mer, est ce que ces portugais et phéniciens ont pu pénétrer les côtes du continent africain pour arriver jusqu’à Loropeni ? C’est un peu idéologique mais nous allons répondre par des arguments scientifiques ».
Une visite du Ministre qui en valait grandement la peine d’autant plus qu’il a qualifié ce site de mystérieux : « Je suis venu surtout pour encourager les chercheurs dans ce job important pour une meilleure connaissance du site et sa valorisation. Les sites de Loropeni constituent un mystère qu’il faut chercher à élucider, à comprendre et à promouvoir. Je pense que la dynamique est en cours et il faut saluer tous ceux qui œuvrent à la matière ».
Jabbar !